A une semaine de l'anniversaire de son accession au pouvoir, le régime de Kadhafi vit les derniers moments d'un règne atypique de 42 ans. La boucle semble ainsi bouclée pour une dictature née le 1er septembre 1969 pour prendre fin vraisemblablement à quelques jours seulement du 1er septembre 2011. Le régime de Kadhafi fait partie désormais du passé. Le «Guide» sans boussole rejoindra inéluctablement la triste cage des anciens tyrans arabes déchus, après Zine El Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak. Comment la Libye en est-elle arrivée là ? Rappel chronologique de ce qu'a vécu la Libye depuis le 15 février à ce jour. Tout a pris naissance à Benghazi, la deuxième ville de la «Jamahiriya», dans la nuit du 15 février quand des manifestants défiaient les forces de sécurité suite à l'arrestation des militants des droits de l'Homme. Le mouvement a vite fait réagir les opposants libyens établis à l'étranger. Ils ont appelé le 17 février à une journée de colère contre le régime de Kadhafi. Du 15 au 20 février, le nombre de personnes assassinées a atteint plus de 230, selon un bilan d'une organisation non-gouvernementale. Le 21 février, la répression de Kadhafi passe à un autre stade en utilisant des armes aériennes contre les manifestants. Une évolution qui ne tardera pas à faire des mécontents, y compris parmi les hommes du «zaïm». L'ambassadeur de Libye à l'ONU se révolte le 26 février pour rallier les insurgés. Vint alors un des tournants de la crise avec la résolution 1973 qui instaure une zone d'exclusion aérienne tout en autorisant «toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations civiles». S'en est suivi par la suite les attaques aériennes des forces de l'OTAN. Dans une quête de solution politique, l'UA s'implique, à partir du 10 avril, en proposant une médiation entre Kadhafi et ses opposants. Une tentative qui ne donnera pas de résultats positifs. La situation s'aggrave et les pertes se comptent par centaines. Le 30 avril a été marqué par la mort du plus jeune fils de Kadhafi, Seif Al Arab, tué suite à un raid «otaniste». Les forces de l'OTAN ont intensifié leurs frappes à partir du 1er juin. Ne voyant pas le bout de la guerre, l'OTAN décide de prolonger la durée de sa «mission» en Libye jusqu'au mois de septembre. La résistance affichée par le régime libyen a, dès lors, poussé les meneurs de la guerre à plus de pression. C'est dans cette finalité que la CPI décrète un mandat d'arrêt contre Kadhafi, son fils Seif Al Islam et le chef des services de renseignements libyens. Le 28 juillet, le CNT accuse un coup très dur avec la mort, dans des circonstances mystérieuses, du général Abdel Fatah Younès, un des piliers de la rébellion. La mort du général Younès a ouvert la voix à toutes les interprétations évoquant des fissures au sein du CNT. Mais ce dernier réussira à surmonter un tel contrecoup pour aller à la conquête de plusieurs villes du pays, à commencer par Zaouïa occupée depuis le 14 aout. La confusion autour des négociations entre les parties en conflit sera de courte durée dans le sens ou la rébellion avançait déjà à grands pas ces quatre derniers jours. Jusqu'à atteindre la capitale. Après donc 189 jours de lutte, la rébellion libyenne, née à Benghazi, s'approprie Tripoli et libère le pays de la tyrannie de Kadhafi. A. Y.