Kadhafi va rejoindre la poubelle de l'histoire, comme Ben Ali et Moubarak. Le “clown sanguinaire”, comme l'ont si bien surnommé des observateurs, a beau menacer de représailles les capitales étrangères pour compassion et solidarité à l'égard de la révolte de ses populations, déclarer la guerre à ses populations, les bombarder par la chasse militaire et les faire descendre comme des lapins, est inédit dans l'histoire contemporaine des dictatures. Comment pourra-t-il faire face à son peuple, ce qui est peu probable, demain, s'il venait à s'en sortir ? Sa répression sanglante et sanguinaire l'a condamné, d'autant que les révoltés libyens savent ce qu'ils vont encourir si le dictateur en réchappe. Sa répression est déjà terrible : en moins d'une semaine, on a dénombré plus de 400 morts dans le pays (!), un chiffre certainement en dessous de la réalité, les massacres se déroulant à huis clos. Celui qui paradait avec des escort girls en tenue de léopard avec la couronne de “roi des rois des Africains”, qu'il s'était ceint autour du front, ce que Bokassa, un autre clown africain dont il est l'émule, n'avait pas osé franchir, a réapparu sur la scène pour jeter de l'huile sur le feu, brailler son mépris à une population qui s'est affranchie de la peur, une peur que le tyran a alimentée durant quarante-deux années de pouvoir quasi monarchique. La seule palme à lui décerner, c'est bien celle de “doyen” des dictatures africaines. Son pays en flammes, Mouammar Al Kadhafi s'accroche à son rêve fou de céder le fauteuil à son fils Seïf el-Islam, aussi sulfureux et sanguinaire que son père. N'a-t-il pas menacé les Libyens d'extermination avant que le ne fasse son père ? Si vous nous faites tomber, vous deviendrez comme avant, pauvres, illettrés, tout sera pillé, plus d'écoles, plus rien (!), a prophétisé le rejeton qui a promis de construire la “nouvelle Libye”. Rejeté la dernière offre des Kadhafi. La révolte qui a libéré les trois quarts du pays fait rage à Tripoli qui ne tient plus que grâce aux mercenaires. Au sein de l'armée, l'unité autour du guide de la révolution verte a volé en éclats. Les populations auxquelles se joignent des pans entiers du régime (outre des militaires, des fonctionnaires et des ambassadeurs) exigent la disparition de leur paysage du “voyou de Tripoli”, comme le surnomme des manifestants en rage. Et tout semble bien parti pour cela, les symboles des Kadhafi brûlent les uns après les autres. Ses nervis et milices des comités révolutionnaires, dont la devise est : prêt à mourir pour défendre et protéger notre guide, refusent de se sacrifier. D'autant que les grandes capitales occidentales, qui avaient fait passer aux Kadhafi toutes leurs lubies, en contrepartie d'affaires juteuses dans ce pays peu peuplé mais quatrième producteur de pétrole en Afrique, ne restent pas de marbre face au massacre des Libyens, malgré les menaces des Kadhafi, père et junior, de les exclure du gâteau libyen. Kadhafi est loin du faste avec lequel il a célébré ses quarante-deux ans de règne, le 1er septembre 2010, une méga-zerda à laquelle avaient pris part de nombreux dirigeants africains et dont l'Occident a été représenté par l'Italien Berlusconi, qui lui est aussi sulfureux dans son domaine.