Photo : S. Zoheïr Par Hassan Gherab Pour sa dernière semaine, la kheïma de solidarité du quotidien la Tribune a maintenu le même rythme et la même ambiance de fête populaire, avec la chanson chaâbi en star de la scène. Ainsi, au menu de la soirée de mercredi dernier, deux grosses pointures de la musique algérienne : l'association de musique andalouse El Qaïçaria de Cherchell et Hassiba Abderaouf. El Qaïçaria a offert un délectable et éblouissant hymne à la musique andalouse. Avec Hassiba Abderaouf, la scène a vibré, et bien vibré. Le public, qui s'est déplacé en nombre, a été bien servi. L'artiste lui a concocté un cocktail détonnant de styles et de genres avec un échantillon de ses meilleurs tubes rehaussés de quelques reprises de titres phares. Il y aura du hawzi, que la chanteuse affectionne particulièrement, du marocain, de la ramba et du kabyle. Danses et youyous accompagnent les exploits de la chanteuse.Le lendemain, jeudi, c'est en compagnie du discret chanteur chaâbi Hamid El Aidaoui que La Tribune a poursuivi son opération citoyenne entamée le 5 août dernier. Et ils étaient nombreux ce soir-là face à la scène dressée sur le parking du siège du quotidien. Elève du conservatoire municipal d'Alger où il eu pour maître Abdelkrim Dali, El Aidaoui a fait le choix de mener une carrière loin des feux de la rampe pour rester près la société, et s'il a décidé de sortir de sa petite retraite c'est bien parce que la scène qui lui était proposé avait le même objectif. Le vendredi, changement de cap. Un programme éclectique avec de la variété et de la musique ghiwan au menu. Le chanteur kabyle Boualem Chaker assurera la partie variété. Avec son éternel sourire, Boualem Chaker irradiera la scène. L'air lourd de cette chaude soirée sera allégé par les rythmes dansant qui font le bonheur des familles venues nombreuses ce soir-là. La musique kabyle que l'artiste enrichie par des sonorités flamenco et autres rythmes méditerranéens, a mis une ambiance du tonnerre. La deuxième partie sera avec les membres de la troupe Essed qui est venue de Knad'sa, dans la wilaya de Béchar, pour offrir une soirée ghiwan que les jeunes apprécieront. Les artistes seront également contents de l'accueil qui leur a été réservé. Au deuxième jour du week-end, samedi dernier, le chaâbi reprend ses droits sur la scène et le public retrouve les belles touchiates et envolées. La seizième soirée de la khaïma de la Tribune sera avec Youcef en ouverture qui nous servira un chaâbi calme, pondéré. Au deuxième morceau, Youcef revisite Akal averkan (la terre noire) et son fils, El Hasnaoui, avec Aggoudjil (l'orphelin), un texte en chaâbi kabyle admirable que les puristes qui étaient assis au fond de l'esplanade ont beaucoup apprécié. Le chanteur terminera son tour de chant sur un air un peu plus entraînant qui met un peu d'ambiance. La première partie de la soirée se termine sur ces notes gaies et virevoltantes. Mourad Djaâfri prendra en charge la deuxième partie de la soirée, et il s'en charge bien le gaucher, qui sait y faire. L'istikhbar calme introduit le qcid L'kahoua wou l'atay (le café et le thé). Au deuxième morceau, Mourad Djaâfri «convie» le défunt cheikh Guerouabi à la fête en reprenant une de ses chansons. Après ce discret hommage au maître, le chanteur offre une petite balade chaabie avant de revenir avec El haraz (le mage), dans le pur style de Guerouabi. Les amoureuses et les amoureux du chaâbi y répondent par une salve de youyous et un tonnerre d'applaudissements. Djaâfri y répond par un «Allah yarham chikhna Guerouabi» (paix à l'âme de notre cheikh Guerouabi) et offre un bis pour les youyous. Djaâfri fera un autre hommage à Guerouabi (décidément, jamais le défunt cheikh n'a été aussi honoré par ses pairs et ses disciples que durant ces dix derniers jours) avant d'enchaîner avec, cette fois, une balade dans les régions de l'Algérie, de Tlemcen à Constantine, en passant par Oran, Mostaganem, Alger et d'autres villes, qui se découvriront à travers leurs cheikhs et grands interprètes. Le khlass sera franchement dansant, et les jeunes ne se feront pas prier. Après une petite pause sur une chanson plus sereine, le chanteur revient avec du rythmé. Les danseurs aussi. Mourad Djaâfri demande des youyous et des applaudissements, et il les a. Il en dédiera à la Tribune, à l'équipe qui a organisé cette kheïma de solidarité ainsi qu'à tous les artistes qui sont passés et qui passeront. Il finit en beauté avec B'kaou aâla khir.Dimanche dernier, ce sera au tour du vénérable Abdelkader Chaou d'animer la fête où il sera accueilli par des youyous. Sur Zoura ya aâchkine zoura, un qcid qui offre des possibilités de variations de rythmes et de changements de modes, Chaou s'en est donné à cœur joie, variant, en interprète expérimenté, au moment adéquat, n'hésitant pas à moduler les vers, les plus poignants, en istikhbar, en pleine phase rythmique. L'artiste quittera la scène comme il l'a rejoint, avec des youyous et des applaudissements plus marqués. Avant Chaou, le public a eu à apprécier, à sa juste valeur, la prestation d'une formation qui a toujours figurée en bonne place parmi les grandes écoles de musiques andalouse : El Gharnatia de Koléa. Et les spectateurs n'ont pas été déçus. La troupe a offert un spectacle à la hauteur de sa réputation. Ainsi, pendant un peu plus d'une heure, le public fut bercé aux sonorités spécifiques de la ville de Koléa, savant mélange de la Sanna algéroise, dont El Gharnatia tire ses majeures caractéristiques, et d'influence malouf et hawzi.Le lundi, la kheïma de solidarité de la Tribune a reçu deux interprètes de chaâbi de talent : Sid-Ahmed Bouaddou et Mohamed Ladoui, qui ont séduit le public par leurs voix suaves et chaleureuses. Sid-Ahmed Bouaddou, qui est tombé dans le chaabi depuis quarante ans déjà, a interprété des chansons du patrimoine. Dans une douce communion, le public répond à l'artiste par des youyous et des danses qui se succèdent. Enchanté, le chanteur dira : «C'est un plaisir de voir un public aussi attentif. Il y a le feed-back, que demander de plus ?»Après Bouaddou, ça sera au tour de Mohamed Ladoui de prendre la main. Et il assure. Ladoui chante pour tous les nostalgiques du Cardinal. Héritier du grand maître, il a gâté le public avec les impérissables qcids du cheikh.