Photo : Sahel Par Wafia Sifouane Bercés dans un environnement traditionnel algérois où la musique chaâbi est omniprésente, deux grands nom du genre se sont produits mardi dernier sur la scène de la Kheima de solidarité du quotidien La Tribune, qu'abrite depuis le 5 aout dernier le siège du quotidien, situé au Ruisseau. Leurs noms est synonyme de savoir faire et évoque toute l'ambiance artistique qui entourait la basse casbah les années 60-70, il s'agit de l'artiste Mehdi Tamache et de son acolyte El Hadi El Agab. Agé aujourd'hui de 61 ans, Mehdi Tamache est un enfant de Bir Djebbah, dont l'enfance fut nourri aux rythmes d'El Anka. Amoureux du chaâbi, il assouvira sa passion en fréquentant les maitres d'antan et en se produisant dans les cafés de son quartier mythique. «j'ai appris cet art en fréquentant les chouyoukhs de la casbah à l'image du cardinal el Anka. Mais après l'indépendance en 1966 j'ai rejoins le conservatoire municipal d'Alger ou j'ai été élève d'El Anka. J'ai été son disciple durant plus de neuf ans» déclare l'artiste avant de rejoindre la scène. À ses côtés son ainé de dix ans, El Hadi Al Agab, au autre disciple du cardinal avec lequel il partage la même passion. «Quand j'ai rejoint le conservatoire j'ai commencé la musique avec Fekhardji ce n'est que plus tard, à son arrivé, que j'ai été élève d'El Anka», affirme El Agab. C'est dans une ambiance bon enfant, et face à un public constitué de familles venues des quartiers voisins, que la soirée a été entamée avec l'artiste El Agab. Mandole à la main, accompagné de ses musiciens, l'artiste régalera l'assistance en interprétant des classiques du répertoire chaâbi et andalous à l'image de «ightanem saâ hania» ou encore «koum tara». Le public conquit n'hésitera pas à l'applaudir chaleureusement, on entend même des youyous poussés par la gente féminine présente en force ce soir là. Il sera suivi par la prestation de Mehdi Tamache.Ce dernier, sombrement vêtu, enflammera le public de par sa voix et son style emprunté au cardinal El Hadj Mohamed El Anka. Il interprétera entre autre «el hamam elli rebitou» et «zoudj hmamet» de Dahmane el Harachi. Son répertoire musicale est riche et varié, d'ailleurs l'artiste avoue puiser ce dernier du domaine public «les textes que j'interprète font partie intégrante de notre patrimoine, il s'agit d'œuvres de Sidi Lakhdar Boukhlouf ou encore Abdelaziz Meghraoui» déclare l'artiste, quelques minutes avant de monter sur scène, feuillette son grand cahier où sont soigneusement notées des qsaids châabi en «charabia», dira-t-il amusé. Humbles et modestes, nos deux artistes se distinguent par leur amour pour la musique, d'ailleurs ils n'hésitent pas à déclarer qu'ils n'exercent pas ce métier pour gagner de l'argent mais pour assouvir une passion hérité des anciens. Se produisant rarement lors des galas et autres fêtes, Mehdi Tamache et El Hadi El Agab font parti de cette catégorie d'artistes en voie de disparition. Perfectionnistes et populaires c'est avec joie qu'ils ont adhéré à la cause de la kheima de la tribune qui se veut avant tout une action sociale de proximité «quand les organisateurs m'ont approché pour animer une soirée, j'ai tout de suite donné mon accord» déclare Tamache. Concernant le public, fidélisé depuis le début du mois de ramadhan, il semblait entièrement satisfait de cette soirée 100% chaâbi qui est aussi la célébration d'un genre authentique, reflet de la culture algéroise. Rappelons que la kheima de la tribune abritera, ce soir, un concert dédié à la musique andalouse avec la troupe Kssairia de Cherchel suivie demain d'un concert de la troupe Essed de Bechar.