Le président de la République s'est prononcé deux fois en trois mois sur un des dossiers sensibles dans le pays, à savoir les collectivités locales. La première fois en juillet dernier devant les maires qu'il a appelés à plus de proximité, et la seconde fois, vendredi dernier, au cours d'une audience consacrée au secteur de l'intérieur et des collectivités locales. De manière plus globale, cela fait au moins huit ans que le dossier est en débat. Et s'il y a autant d'intérêt à ce dossier, c'est qu'il est important, voire stratégique. Mais comment, en effet, le dossier des collectivités locales ne peut pas être important, dans la mesure où il focalise, à lui seul, l'essentiel des appareils de l'Etat ? Les collectivités sont donc la cellule de base de l'Etat. A commencer par la mairie, l'institution la plus proche du citoyen. Celle qui, de tout temps, constitue le pare-choc des autres services de l'Etat. Ce petit rappel appelle par contre un état des lieux des plus sérieux. Car, malgré les tentatives de réformes, les interminables pages de discours consacrées au sujet et les différentes élections locales organisées depuis la fin des années 1960, le rôle de la commune est toujours sujet à confusion. La confusion d'abord dans les prérogatives. Puisque, malgré un rayon d'action plus ou moins large, le rôle du maire et de ses services est souvent réduit à sa simple expression, quand il n'est pas limité à signer des documents de l'état civil. Cela n'est pas le fait des seuls textes –quoique les lois de la République donnent quand même une bonne place aux serviteurs locaux de l'Etat- mais plutôt des pratiques. En plus du manque de plus en plus accentué des moyens budgétaires, les maires sont dépouillés de beaucoup de leurs pouvoirs. A leur corps défendant, il ne leur reste que des miettes. Bien sûr que les partisans de cette situation ont expliqué cela par le fait que beaucoup de maires, par abus ou tout simplement par ignorance, utilisent les fonds publics à d'autres desseins que le service de la collectivité. Ces derniers ont quelque part raison dans la mesure où plusieurs gestionnaires locaux, des élus essentiellement, sont rendus coupables d'affaires de corruption et de dilapidation des biens publics. Les affaires traitées par la justice peuvent en témoigner. Mais cela est-il suffisant pour priver l'élu de ses attributions au service de ses électeurs ? En vérité, l'affaire est suffisamment sérieuse pour la limiter à une histoire de prérogatives, quand bien même cela est important. La gestion des collectivités locales est l'affaire de tous. Du simple citoyen –électeur et observateur- jusqu'aux hautes autorités du pays. Le plus important des problèmes est dans l'application des lois. Or, on est loin, très loin, du compte. On ne peut tout de même pas faire admettre au simple citoyen que son maire se permet de refaire les trottoirs chaque deux mois alors que le simple lampadaire du coin n'est pas réparé. On ne peut pas non plus croire que l'Etat dépense autant d'argent alors que la plupart de nos villes et villages sont sales. Mais on ne peut pas non plus –il faut le dire- demander à un maire de gérer des milliards alors que sa rémunération est proche du salaire minimum garanti. L'urgent est, on ne le dira jamais assez, d'agir sérieusement, en appliquant d'abord les lois existantes. Le reste est avant tout une affaire de temps. A. B.