Photo : M. Hacène Par Fodhil Belloul Les affrontements entre les forces de l'ordre et les habitants du quartier de Diar Echems ne sont, selon toute vraisemblance, pas prêts de s'arrêter. En effet, au troisième jour de contestation, hier matin, la route menant vers Bir Mourad Raïs était de nouveau fermée. Dès 10h, une véritable bataille rangée a commencé entre, d'un côté, un dispositif policier assez impressionnant, plus d'une centaine d'agents des forces antiémeute et, de l'autre, une trentaine de jeunes du quartier, pour la plupart des adolescents. À voir l'état de la route, jonchée de gravats en tous genres et devenue impraticable, il semblerait que les affrontements se soient poursuivis dans la nuit de dimanche à lundi. Ce matin, la circulation automobile se trouvait toujours bloquée et les piétons contraints d'avancer par petits groupes sous les cris des jeunes manifestants. Une pause d'une petite heure a été mise à profit par quelques passants retenus au niveau de l'arrêt de bus de Bir Mourad Rais pour poursuivre leur chemin. Aussitôt après, les premiers jets de pierre ont commencé à fuser du côté des manifestants, suscitant comme réplique des tirs en l'air des forces de l'ordre, le tout ponctué d'invectives dans les deux camps. Le très jeune âge des manifestants n'a pas manqué d'attirer l'attention de certains passants : «Où sont vos parents ?», s'est exclamée une vieille dame. D'après deux citoyens interrogés par nos soins, un jeune homme et une dame, un triste évènement survenu la veille aurait mis le feu aux poudres : un habitant de Diar Echems, dénommé Sid Ali, aurait tenté de se suicider par défenestration et serait dans le coma au niveau du CHU Mustapha. Cet acte déplorable serait en rapport direct avec la récente opération de relogement des quelques 300 familles de Diar Echems à l'origine de la contestation. Rappelons que ces dernières, auxquelles des logements neufs à Ouled Mendil, du coté de Birtouta, ont été attribués, les ont déclinés avant de déclencher il y trois jours les émeutes en cause. Les bénéficiaires contestent l'endroit, et préféreraient être relogés à Birkhadem, dans le lotissement Djenane Sfari. Pour eux, deux raisons justifient leur choix. Les logements réalisés à Djenane Sfari sont l'œuvre des Chinois alors qu'une société nationale a construit ceux d'Ouled Mendil. Ensuite, c'est à Djenane Sfari que d'autres familles de Diar Echems et d'Oued Knis ont été relogées lors de précédentes opérations du même genre. Signalons enfin, que seuls les habitants de Diar Echems occupent la rue de façon aussi violente, ceux des quartiers voisins, comme Diar Al Mahçoul et El Afia, également concernés par une opération de relogement qui n'est pas à leur avantage, auraient, eux, préféré le dialogue et la concertation avec les autorités aux lieu et place de la confrontation musclée avec les forces de l'ordre.