Les émeutes éclatées, lundi matin, dans la cité Diar Echems dans la commune d'El-Madania, se sont poursuivies pour la deuxième journée consécutive. Le quartier s'est transformé, hier, en un véritable champ de bataille. Les affrontements entre des jeunes et la police antiémeute ont repris avec beaucoup d'intensité. Les policiers qui tentaient d'accéder à la cité ont été confrontés à une rude résistance des résidants. Le bilan des heurts est lourd : au moins une quarantaine de policiers ont été blessés, dont un dans un état grave. C'est ce que nous avons constaté sur place. Dans la matinée, rien ne présageait la reprise des hostilités. Les habitants de ce quartier, bien que toujours sceptiques quant aux promesses faites, la veille, par les autorités locales de résoudre le problème de logement qui est à l'origine de ce mécontentement, n'ont montré aucune volonté d'en découdre à nouveau avec les agents de l'ordre. Ils menaçaient de reprendre la protestation dans un délai de 10 jours si aucune solution n'est proposée. « Nous allons patienter jusqu'au 1er novembre. Au-delà de cette date, les autorités locales doivent assumer leurs responsabilités », lancent certains jeunes. Ces derniers demandent également le départ du P/APC d'El-Madania, responsable, à leurs yeux, de ce problème. Toutefois, la tension était toujours perceptible. Mais contre toute attente, les violences ont repris au début de l'après-midi. Tout a commencé, quand des jeunes en colère ont tenté de bloquer la rue Mohamed Belkacem, menant vers Bir Mourad Raïs. Des escarmouches ont éclaté quand les agents de l'ordre ont tenté de les empêcher. Postées derrière les hauts murs de leur cité qui ressemble à une véritable forteresse, des centaines de jeunes se sont mis à lancer des pierres et toutes sortes de projectiles sur les dizaines de policiers qui tentaient de les disperser. Une question de logement et de terrain Epaulés par des policiers en civil, ces derniers ripostaient par des jets de pierres. Vers 14h30, la route menant du Ravin de la femme sauvage vers Bir Mourad Raïs a été fermée à la circulation. Des dizaines d'autres éléments des forces antiémeute ont été appelés en renfort. Une première tentative d'accéder à la cité a eu lieu vers 15h. Armés de boucliers et de matraques, les policiers engageaient une première offensive contres des émeutiers qui donnaient l'impression de « les narguer ». Peine perdue. De grosses pierres et divers projectiles pleuvaient sur eux de toutes parts. Ils provenaient des balcons des immeubles, des terrasses et derrière les murs de la cité. Les femmes, elles, accompagnaient ces affrontements par des youyous. On commençait déjà à dénombrer les premiers blessés parmi les policiers. Quatre éléments ont été évacués en urgence à l'hôpital. Les policiers ont été contraints de battre en retraite et de reprendre leur position dans la rue principale. Une nouvelle offensive a été engagée, quelques minutes plus tard, en vain. On a décidé alors de faire appel à un nouveau renfort et d'utiliser des moyens plus sophistiqués. Des bombes lacrymogènes, un camion à eau et le redoutable « Azrayen » (camion chasse-neige) ont été mis à contribution. Les policiers se préparaient à une véritable attaque. Vers 17h30, ils décidaient de renouveler leur tentative. Deux équipes des forces antiémeute engageaient l'offensive. Même scénario et même décor. Les émeutiers se montraient plus résistants. Des sacs de ciment, des toits des taudis et des grosses pierres ont été lancés sur les policiers. Même les quelques bombes lacrymogènes utilisées n'ont pas réussi à repousser les protestataires qui ont pu empêcher l'avancée des forces de l'ordre. Le coup était, cette fois-ci, plus dur pour les policiers. Plus d'une trentaine ont été blessés et évacués en urgence. La situation n'est toujours pas maîtrisée. Au moment où nous mettons sous presse, les affrontements se poursuivaient encore. Nous ne savons pas s'il y a des blessés ou des personnes interpellées parmi les manifestants. Mais pour comprendre les raisons de cette révolte, un résumé de certains faits s'impose. Selon des informations que nous avons pu recueillir sur place, les habitants de Diar Echems contestent deux points. Le premier concerne le logement. « L'APC a procédé récemment au relogement de 80 familles. Les logements cédés par ces dernières ont été octroyés à des personnes étrangères à la cité, dont une veuve et une jeune fille », nous explique un des citoyens de la cité. Le deuxième point concerne un lot de terrain que les résidants veulent prendre pour y construire leurs propres logements. Mais « l'APC d'El Madania s'y est opposée », ajoute notre source.