Photo : Riad Par Hasna Yacoub et Faouzia Ababsa Les Américains étaient présents et en force à la conférence contre le terrorisme qui s'est ouverte hier au Palais des Nations. Composée de militaires, de diplomates et de juristes, la délégation a tenu à marquer sa présence pour, selon Mme Villarosa, apporter tout son soutien à la lutte que mènent les pays du Sahel contre le terrorisme. Elle ne manquera pas de présenter, au nom du gouvernement américain, comme l'ont fait tous les intervenants, ses condoléances à l'Algérie et aux familles des victimes suite à l'attentat qui a visé le 26 août dernier l'Académie militaire interarmes de Cherchell. La diplomate américaine a indiqué que «les Etats-Unis allaient continuer à apporter leur appui permanent à tous ceux qui déploient des efforts pour conjurer la menace terroriste». Elle a remercié les gouvernements du Mali de l'Algérie, du Niger et de la Mauritanie de les avoir invités pour identifier les questions cruciales qui feront l'objet de nos discussions. «L'attentat de Cherchell nous rappelle que nos efforts collectifs ont permis de réduire le terrorisme mais pas de le vaincre. Nous devrons œuvrer ensemble pour atteindre cet objectif ultime. Cette rencontre va renforcer la coopération sécuritaire, comme nous l'avons fait ces dernières années dans l'ouest, le sud et le nord de l'Afrique. Les Etats-Unis étaient d'ailleurs impressionnés par les efforts consentis par nos partenaires.»La diplomate américaine reconnaîtra que la menace terroriste dans le Maghreb est unique. «Nous avons à confronter un ennemi qui est hautement motivé et qui a la possibilité de planifier et de mener des attaques contre les Etats. Il utilise, pour ce faire, les conditions locales pour attirer des recrues potentielles. L'Aqmi au Maghreb a adopté cette stratégie, renforcé son ossature en établissant des liens avec d'autres branches d'Al Qaïda». Elle précisera que depuis sa création en 2006, «l'Aqmi a été placée sous une forte pression des efforts des gouvernements de la région. Aujourd'hui, nous estimons que les membres du groupe comptent moins d'un millier d'individus.» Et Mme Villarosa d'exhorter les participants à multiplier leurs efforts. «Je suis persuadée que vous allez relever le défi et vaincre. Il faut œuvrer pour que tout soit à notre avantage. Le terrorisme n'est pas propre et endogène au Sahel, il y a encore des gens qui appuient ce type d'extrémisme.» Elle louera les mérites des pays d'Afrique du Nord qui, dit-elle, «ont acquis une expérience unique dans la lutte antiterroriste. Nos efforts exigent une approche globale. Nous admettons que cet effort doit être mené par les gouvernements de cette région. Le soutien militaire et le renseignement ne suffisent pas à eux seuls à résoudre la question du terrorisme». Et d'ajouter : «Nous aurons à traiter également des questions socioéconomiques qui ont favorisé ce fléau. Le président Obama et la secrétaire d'Etat Clinton sont décidés à renforcer les relations avec leurs partenaires, particulièrement ceux présents aujourd'hui.» Elle a annoncé que l'Algérie allait présider le mois prochain l'un des plus importants groupes de travail sur le Sahel à l'initiative des Etats-Unis.Pour sa part, le Monsieur Afrique de l'Elysée, a réitéré la position de la France, en indiquant que celle-ci reposait sur des idées simples. Il a précisé que le rôle primordial dans la lutte antiterroriste revenait en premier lieu aux pays de la région. Ce sont les populations qui sont les premières victimes et l'on ne saurait se substituer à elles. Il dira que le terrorisme est un phénomène transnational et seule une action coordonnée est susceptible de produire des résultats positifs. Les pays de la région ne disposent pas des moyens nécessaires à même de leur permettre d'agir efficacement et de venir à bout du terrorisme. C'est pourquoi les partenaires ont un rôle important à jouer pour les aider. C'est la raison pour laquelle la France a répondu positivement à l'appel d'aide au développement, au renforcement de l'Etat de droit, à la formation des forces de sécurité, etc. «La France a plaidé pour l'adoption de la stratégie européenne dans le Sahel. L'adoption de cette stratégie trouvera rapidement, nous en sommes convaincus, une traduction sur le terrain. Nous attendons de cet évènement la volonté à agir collectivement sur la base d'une analyse partagée sur la stratégie à mettre en œuvre. Nous sommes tous convaincus qu'il y a urgence à agir parce que le terrorisme s'accroît au Sahel. Son rayon s'étend et le trafic prospère, notamment celui de la drogue et les armes. Ce trafic requiert toute notre attention.» Et de renchérir : «Prenons garde à ne pas confondre symptômes et causes. La dégradation de la situation au Sahel n'est qu'un symptôme. Les causes se résument dans le développement et le sentiment des populations marginalisées, voire abandonnées par les pouvoirs publics. Les mesures sécuritaires sont nécessaires mais pas suffisantes. Il ne peut y avoir de stabilité sans prospérité. Les perspectives de développement s'inscrivent sur le long terme, mais il se trouve que nous sommes dans l'urgence. Reconquérir le terrain nécessitera du temps et une lutte sans faille. La France s'est engagée très tôt aux côtés des Etats du Sahel. Dans le respect de leur souveraineté, elle est déterminée, aujourd'hui plus que jamais, à leur apporter son soutien».Le conseiller du Premier ministre britannique a indiqué que le Royaume-Uni était aux côtés des 4 pays du Champ et des nations menacées par le terrorisme. «Nous reconnaissons les efforts déployés par l'Algérie pour lutter contre le terrorisme tout au long de ses frontières», a-t-il déclaré. Il a indiqué que la mort de Ben Laden signifie une perte pour l'idéologie djihadiste. M. Robin a exhorté, dans son intervention, l'ensemble des pays à ne pas payer de rançons aux terroristes, car elles leur permettent de se financer.