Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La généralisation du système du tiers payant à tous les assurés, les salariés et les non-salariés est entrée en vigueur comme édicté par la tutelle début août dernier. Les officines conventionnées à Constantine auront traité plus d'un millier de prescriptions. La modernisation du système de sécurité sociale semble avoir été amorcée sans embûches. Reste à maintenir le cap sur la sensibilisation pour faire de la carte Chifa un moyen novateur en matière de sécurité sociale. «Nous sommes obligés de composer avec la Cnas pour travailler», dira un pharmacien de Constantine. C'est en premier lieu l'appréciation globale des autres gérants d'officines que nous avons approchés pour plus de renseignements sur la mise en œuvre de cette mesure ministérielle visant à moderniser le secteur de la protection sociale, notamment des services dont les assurés sociaux se plaignent souvent.Toutefois, certains y voient un «léger forcing» administratif imposé aux pharmacies dés lors que les tiers payants bénéficient automatiquement du pourcentage fixé par la réglementation. Les officines prendront le relais en se chargeant des étapes préalables aux remboursements. Sur un ton ironique, un pharmacien évoque le casse-tête auquel il est confronté : «Maintenant, nous faisons le travail de la caisse ! Nous remplissons les fiches, nous collons les vignettes,… Au lieu de mettre trois minutes par ordonnance, cela nous prend 10mn. C'est du temps supplémentaire pour lequel nous sommes rétribués symboliquement : 5 DA par prestation.» Il n'empêche que l'opération a débuté sans obstacle. Les acteurs de la Caisse nationale s'en félicitent. Et les pharmacies n'ont d'autre choix que de suivre le mouvement pour percevoir leur chèque une semaine après le dépôt des ordonnances. «Pour le moment, on peut dire qu'il n'y a pas eu de retard dans le payement. Certes, on se trouve à peine au début de la généralisation de la carte, mais on gère parfaitement la situation… pourvu que ça dure !», diront des pharmaciens avant d'ajouter : «Parfois, on est contraint, en cas de grand manque en médicaments - et c'est le cas actuellement- de faciliter aux malades la procédure de remboursement en les incitant à chercher dans toutes les officines conventionnées pour faire un seul achat, question de bénéficier de la marge récupérable imposée aux médicaments. Mais aucune prescription ‘‘rare'' n'est sujette à une seule opération avec ces pénuries récurrentes de médicaments». C'est pour dire combien l'option, d'apparence facile, s'avère contraignante, car il faudra bien expliquer aux malades les étapes inhérentes à l'utilisation de la carte magnétique, quoique cette démarche relève beaucoup plus des prérogatives de la Cnas. «Mais on n'a pas d'autre choix, si l'on veut travailler sans être perturbé. Dans le cas contraire, on devra se limiter à vendre du Paracétamol et des traitements délivrés sans avis médical, ce qui fera baisser à coup sûr notre chiffre d'affaires», indique un gérant d'officine ayant pignon sur rue.Ainsi, on appréciera la bonne volonté affichée par les professionnels du médicament, ce qui récuse en quelque sorte les présomptions sur leur désengagement face à cette nouvelle donne de rétribution. Pour l'heure, on n'a soulevé aucune réclamation allant à contre-courant des droits consignés au préalable dans les aliénas de la carte chifa. Mais il arrive que des assurés s'impatientent lorsque les coûts de traitement dépassent les 2 000 DA et que, de surcroît, plus de deux ordonnances leur sont délivrées dépassant ainsi le «quota» imposé, à savoir deux prescriptions par trimestre.En fait, la généralisation du système du tiers payant via la carte électronique a connu un démarrage somme toute acceptable à Constantine. Sur le plan des chiffres, prés de 259 002 assurés sociaux sont concernés par ce nouveau dispositif baptisé «chifa», selon un dernier bilan établi par la Caisse nationale d'assurance sociale qui, en outre, affiche le nombre de 166 052 ouvrant droit à l'activation systématique de la carte, alors que 90 450 personnes sont déjà des usagers de la carte. Il s'agit bien évidemment des retraités et des malades chroniques. La wilaya, qui a peaufiné toutes les mesures d'accompagnement assorties à cette nouvelle gestion de la sécurité sociale, avait entrepris, en amont, d'engager des entretiens avec les officines conventionnées, soit 338 à l'échelle de la wilaya. Cette démarche a contribué ensuite, le 1er août dernier, c'est-à-dire le jour «J» de l'activation générale de la carte Chifa décrétée par le ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, à l'harmonisation dans cette nouvelle approche dans le programme de modernisation de la gestion du secteur de la sécurité sociale en Algérie.C'est toujours un peu difficile de convaincre les assurés sociaux sur le mode de fonctionnement et le remboursement systématique qui se fait à la base de la prescription médicale. Du moins, vu le nombre de dossiers traités, il y a de quoi être rassuré vu que l'option a atteint sa première vitesse de croisière. Au 21ème jour de son entrée en application, la carte avait été activée plus de 1 178 fois, soit un équivalent de factures transmises via intranet à la centrale informatique de la Cnas. La puce magnétique se généralise et appelle un suivi rigoureux des parties concernées Une éventuelle baisse dans le système de traitement de dossiers au niveau de la Cnas découragerait l'engagement des officines et la vitesse de traitement qu'autorise la carte Chifa. D'où la nécessité de maintenir la bonne marche du réseau «intranet» Cnas-officines pour réussir cette étape de modernisation assortie d'assainissement dans le système de remboursement relatif à la sécurité sociale.