L'Algérie accuse un grand retard en termes d'investissement dans la grande distribution et les infrastructures de stockage, cédant ainsi la place à l'informel et à l'anarchie.Selon le cabinet international de conseil en stratégie et management A. T. Kearney, l'Algérie a perdu, entre 2009 et 2010, dix places, en se retrouvant ainsi à la 21e place du classement des grandes surfaces selon la population. Ce qui n'est pas le cas pour les autres pays du Maghreb qui ont enregistré une progression en passant de la 14e à la 11e place pour la Tunisie et de la 19e à la 15e place pour le Maroc.La régression du classement de l'Algérie en la matière est due à l'hésitation de certains grands groupes internationaux à s'installer en Algérie, suite à l'échec du partenariat entre Carrefour et Arcofina, en février 2009.Cet échec a démontré que l'investissement national dans le domaine de la grande distribution et les infrastructures de stockage, notamment les chambres froides pour la conservation des produits de première nécessité, est plus que nécessaire.Une question qui a été discutée amplement lors des premières assises nationales du commerce, tenues en juin dernier, où les opérateurs économiques ont présenté des propositions en ce sens. Citons, entre autres propositions, la réalisation de grandes plates-formes économiques et commerciales le long du corridor de l'autoroute Est-Ouest, l'encouragement de l'investissement dans le domaine de la grande distribution, ainsi que dans les infrastructures de stockage, l'encouragement de la professionnalisation de la microentreprise spécialisée dans la distribution ainsi que la favorisation de l'approvisionnement direct des espaces commerciaux (grandes surfaces) par les producteurs ou les importateurs pour réduire les coûts et assurer la maîtrise des prix. Voulant rassurer les participants, Mustapha Benbada, ministre du Commerce, avait indiqué : «Nous sommes en train de faire un effort au niveau central et local pour améliorer la situation, ceci tout en encourageant les initiatives privées.»M. Benbada avait, également, relevé, lors des premières assises nationales du Commerce, le besoin d'un programme d'«investissements massifs» pour réaliser de nouveaux espaces commerciaux modernes et pratiques à travers le pays. Lequel programme permettrait de concentrer l'offre de production dans des espaces aménagés, modernes et contrôlés, et partant, développer une industrie agroalimentaire nationale et créer des postes d'emploi.Actuellement, la grande distribution en Algérie est assurée par le groupe privé Cevital, via sa filiale Numidis. Créée en 2005, Numidis s'est fixé l'objectif de développer la grande distribution moderne en Algérie. Le réseau de distribution de Numidis est composé actuellement de trois hypermarchés sous l'enseigne UNO City. Le premier se situe à Kouba, le deuxième à Rouiba et le troisième à Bab Ezzouar. Aussi, le groupe Cevital compte réaliser d'autres hypermarchés à Bouira, Mostaganem, Aïn Defla, Sétif, Constantine et à Annaba dont trois seront ouverts prochainement. Il s'agit de l'hypermarché de Bouira qui traitera plus de 20 000 références de produits et exigera pour son exploitation un effectif de 200 à 300 employés en fonction de sa superficie allant de 4 500 à 6 000 m⊃2;.Le deuxième hypermarché sera ouvert à Aïn Defla alors que le troisième à Mostaganem, avec des surfaces de vente allant de 5 000 à 6 000 m⊃2;. L'autre opérateur privé qui a investi dans la grande distribution est le groupe Arcofina, propriété d'Abdelouahab Rahim. Ce groupe lance un programme de réalisation des hypermarchés en Algérie, après l'expérience Carrefour. Le magasin test Carrefour, faut-il le rappeler, a été ouvert en 2006 à Hussein Dey, dans la banlieue est d'Alger. Le magasin avait permis aux responsables de Carrefour de mieux connaître le marché local en termes d'approvisionnement en produits divers et de pouvoir d'achat des Algériens. Mais aussi de préparer l'ouverture d'hypermarchés en Algérie, via la formation du personnel aux techniques de la grande distribution.Les travaux de certains centres commerciaux ont déjà commencé comme c'est le cas pour le Centre commercial Ardis implanté sur une superficie de 34 000 m⊃2; avec un hypermarché de 16 200m⊃2;. Celui-ci, dont l'ouverture est annoncée dans les prochaines semaines, est situé aux Sablettes, à côté de l'hôtel Hilton d'Alger.Ce centre commercial est en mesure de générer 1 000 postes d'emploi dont 700 par l'hypermarché Ardis-Carrefour, sans compter ceux qui seront générés par les activités commerciales de la galerie marchande et tous les emplois indirects.Selon M. Rahim, à travers le centre commercial Ardis, le groupe Arcofina compte à la fois satisfaire sa clientèle en matière de produits alimentaires importés et booster l'industrie agroalimentaire nationale en donnant les moyens aux entreprises algériennes activant dans le domaine de l'industrie alimentaire d'aller de l'avant et de se mettre aux normes internationales.Néanmoins, la réalisation des hypermarchés en Algérie devrait être intensifiée par le lancement de cycles de formation du personnel aux techniques de la grande distribution. Actuellement, la formation, selon M. Abdennour Nouiri, économiste et maître de conférences à l'Ecole des hautes études commerciales (EHEC) d'Alger (ex- INC), fait défaut.«D'après mes recherches universitaires dans ce domaine, j'ai constaté l'absence de formation dans la grande distribution», nous avait-il révélé. Et d'expliquer : «Aucun institut national de l'enseignement supérieur (public ou privé) ne propose des formations dans la gestion de grands espaces commerciaux. Ceci a induit des retards dans le développement de plusieurs aspects commerciaux, tels que le marchand design, la franchise, le commerce électronique, la vente par correspondance, etc.» De ce fait, les décideurs, selon M. Nouiri, doivent accélérer leurs démarches dans la gestion des ressources humaines, la formation et le recyclage, et ce, dans l'optique de développer le domaine de la grande distribution, et partant, contrecarrer le commerce parallèle qui ne cesse de gagner du terrain. B. A.