Décidément, le management du football algérien n'aura pas fini de surprendre ! Incurie, incompétence, imprévoyance et médiocrité sont ses marques de fabrique. C'est même un label. On en a eu une nouvelle fois la preuve avec la gestion du dossier d'arbitrage dans le cadre du litige opposant deux clubs populaires d'Alger, donc socialement et politiquement «sensibles», l'USM El Harrach (USMH) et le RC Kouba (RCK). Il s'agit donc de l'homologation de l'accession du club harrachi en première division. La décision en faveur de l'USMH a été rendue sur la base de la contestation de la validité de la licence d'un joueur koubéen, qui a joué le fameux match «couperet» ayant opposé les deux clubs en fin de saison dernière. Le résultat était décisif pour l'accession de l'un des deux clubs au championnat phare du football algérien. En fin de saison, au classement général, le RCK devançait légèrement son concurrent. Il accédait donc mécaniquement au niveau supérieur. Mais c'était sans compter sur le pouvoir chicanier et chipoteur des dirigeants de l'USMH, procéduriers en diable. La LNF et la FAF, bonnes filles, accordèrent les trois points de la victoire à El Harrach. Ce club distança ainsi au classement son rival, coupable d'avoir fait jouer depuis son recrutement un joueur dont le prénom mentionné sur sa licence, pourtant dûment homologuée par lesdites instances, ne correspondait pas à celui de son état civil. Et c'est là où on se rendra compte que Kafka et Ubu sont bien algériens ! Bien sûr, le RCK, en désespoir de cause, contestera en première instance cette décision devant le Tribunal arbitral du sport algérien (TAS), qui se déclarera incompétent. Ayant ainsi épuisé toutes les voies de recours, les dirigeants koubéens saisiront, in fine, le TAS de Lausanne. Les décisions de ce tribunal du football international sont souveraines et sans appel. Certaines, comme le fameux arrêt Bosman, ont révolutionné la géographie et l'économie du football. Le TAS de Lausanne a donc rendu une décision favorable au… RCK, qui retrouvera inéluctablement la première division au détriment de l'USMH. Simple jeu de chaises musicales qui révèle que le serpent de la bêtise footballistique algérienne se mordra toujours la queue ! Mais le pire, qui a souvent des couleurs algériennes, est à venir. Que faire, aurait dit Lénine ? Augmenter en cours de saison le nombre de clubs de la division une pour y maintenir l'USMH ou se rendre à l'évidence en acceptant de la rétrograder comme l'exige la décision du TAS ? La question, qui vaut son pesant de dinars algériens dépréciés, est d'autant plus angoissante qu'il ne faut même pas imaginer les conséquences en termes de paix sociale que signifierait le retour à la case départ de l'USMH. Certains de ses supporters, et pas seulement les noyaux durs identifiés, ont donné au hooliganisme son sens algérien le plus désespéré, le plus désespérant, le plus inquiétant, et le plus dangereux… L'USMH rétrogradée, c'est presque un remake du film de Francis Coppola, Apocalypse Now. N. K.