Inscrite dans la continuité du deuxième festival panafricain d'Alger 2009, la 16e édition du salon international du livre d'Alger, Sila 2011, a réservé un espace culturel, dédié à la littérature africaine, intitulé «Esprit Panaf». Contrairement à l'année dernière où le stand était plus accessible, puisque situé juste à l'entrée du salon, cette année il faut traverser le labyrinthe du chapiteau pour arrivé jusqu'à l'espace décoré aux couleurs africaine chapeauté d'une hutte en paille.Sur les étals sont présentés des ouvrages de maisons d'éditions africaines, dont les prix varient entre 200 et 1 000 DA. Les ouvrages disponibles sont pour tous les âges et tous les goûts. Il y a des livres illustrés pour enfants, des nouvelles pour la littérature jeunesse, ainsi que des romans, de la poésie et des essais politique et philosophique pour les plus grands. C'est avec un large sourire et une voix teintée de douceur que la responsable du stand, Narriman-Zehor Sadouni, accueille les visiteurs, qu'ils soient éditeurs, auteurs où simples anonymes férus de lecture. À propos du programme culturel de cette espace, elle explique que : «L'édition 2011 est placée sous le slogan : «lettres d'Afrique», « Lettres du continent». Les lettres, c'est la littérature, c'est également la correspondance en signe d'amitié, une façon de tisser les liens de la transmission identitaire» Ainsi, durant dix jours le stand esprit Panaf proposera des rencontres thématiques, des forums et des conférences. Il y aura également deux rencontres en dehors du site du Sila, en l'occurrence celle qui se déroulera lundi prochain, dans la matinée, au Musée national des arts modernes et contemporains (Mama), avec des photographes africains qui exposent dans le cadre du deuxième festival de la photographie d'art et celle qui se déroulera, mardi prochain, dés 10 heures trente, au Bastion 23, pour la présentation du recueil de poésie «La mémoire étoilé» de M'batou-Zetebeg, Ambassadeur du Cameroun en Algérie avec séance de déclamation suivie d'une séance de dégustation de spécialités Camerounaises.L'Esprit Panaf a ouvert son cycle de rencontres thématiques vendredi passé, avec Ismailia Samba Traoré, auteur et directeur des éditions La Sahelienne de Bamako (Mali). Cette rencontre intitulée «Chronique de Ségou, la parole du Djeli, Langue, réflexion et écriture», a porté autour du thème de «l'oraliture», inspiré de son ouvrage Chroniques de Ségou. l'auteur malien revient sur toutes ces valeurs ancestrales des Empires et Royaumes de l'Afrique précoloniale. L'auteur explique aussi que ses chroniques sont des récits de Daye Baba Diallo, un Djeli (griot). Des paroles qu'il a recueillies, traduit et commenté afin de faire découvrir le fabuleux N'Golo Diarra, un héros de la culture orale africaine.Dans son intervention, Ismaïla Samba Traoré, explique la nécessité de la diffusion de la culture mandingue, il évoque à ce sujet «l'éternel malaise du traducteur, conscient des limites de la langue française, de sa capacité d'accueil et de tolérance…».Pour revenir à l'importance du stand Esprit Panaf dans la promotion des relations sud-sud dans le domaine de l'édition et de la diffusion de livres d'auteurs africains. Benaouda Lebdai, professeur de littératures coloniale et postcoloniale, à l'université du Maine en France, souligne sur le site du Sila 2011 que l'«Esprit Panaf indique à quel point l'Algérie se veut africaine, ce qui casse un préjugé tenace, l'existence de deux Afriques, une blanche et une noire». Il ajoute «qu'après la première génération d'écrivains africains qui a imposé son existence par rapport au colonialisme déshumanisant, une deuxième et une troisième génération d'écrivains se sont affirmées en exprimant avec force et conviction la nouvelle histoire en marche, mettant à mal les dictatures et les passe-droits et plaçant au centre des débats littéraires le rôle majeur que doit jouer la femme dans les sociétés du continent africain».C'est dans cette esprit que tout au long de cette seizième édition des conférences, des débats et des rencontres thématiques sont programmés avec des auteurs, éditeurs, critiques littéraires, universitaires pour conter et inscrire dans l'avenir la littérature africaine.