Le Conseil national de transition libyen (CNT), qui peine depuis des semaines à former un gouvernement de transition en raison des dissensions entre les différents courants qui le composent, a fini hier par annoncer, par la voix de son président, Moustapha Abdeljalil, la formation d'un nouvel exécutif provisoire, en attendant la proclamation de la libération totale du pays. «Nous appelons le peuple libyen à être patient car l'heure de la libération approche. Le CNT et Mahmoud Jibril (chef de l'exécutif) sont arrivés, pendant ces deux derniers jours de négociation, à la conclusion de réformer l'exécutif», a déclaré M. Abdeljalil lors d'une conférence de presse à Benghazi. Selon le président du CNT, Mahmoud Jibril reste à la tête de l'exécutif et conserve son poste de «ministre» des Affaires étrangères. «Hier (dimanche, NDLR), j'ai présenté ma démission au Conseil national de transition. Ils ont jugé que ce n'était pas le moment et que cela pourrait affecter l'unité nationale», a déclaré Mahmoud Jibril lors de cette même conférence de presse. «J'ai pris cela en considération et sur cette base, j'ai repris ma démission, mais elle deviendra effective à la libération du pays», a-t-il ajouté. Le président du CNT a annoncé que le «ministre» du Pétrole et des Finances, les «ministres» de l'Information, de la Défense et de l'Intérieur, conservaient également leur poste dans ce nouvel exécutif, quasi inchangé. Seuls trois changements sont à noter. Le premier changement est la suppression du poste de numéro 2 de l'exécutif, occupé jusqu'à hier par Ali al-Issawi qui n'obtient aucun poste dans la nouvelle équipe. En second lieu, il y a la nomination d'un nouveau «ministre», Hamza Abou Farès, pour les Affaires religieuses. Le troisième changement réside dans la création d'un poste de «ministre» des Martyrs et des Victimes de guerre, attribué à Ahmed Kissa. Il faut dire que la composante du gouvernement provisoire devait refléter le rapport de forces entre les différents courants en Libye. Mais celle annoncée montre bien que le CNT, qui n'a opté que pour de petits changements insignifiants et qui a reconduit Jibril comme chef de l'exécutif, a décidé de maintenir, pour le moment, le statu quo. Les politiciens libyens ont décidé donc d'opter pour la stabilité – hypothétique - assurée actuellement par le CNT jusqu'à la fin de leur «guerre» contre les pro-Kadhafi au lieu d'ouvrir la porte aux guéguerres des différentes factions du CNT, notamment libéraux et islamistes. «Nous sommes à un moment critique», a expliqué le chef du CNT avant d'ajouter «dès que la libération du pays sera proclamée, alors un nouveau gouvernement de transition sera formé dans un délai d'un mois». Avec l'annonce de ce nouvel exécutif provisoire, la formation d'un gouvernement de transition est ainsi repoussée de facto à une date inconnue. La «libération» du pays sera officiellement proclamée quand les forces du nouveau pouvoir auront pris le contrôle total de Syrte, ville natale du colonel Kadhafi assiégée depuis la mi-septembre, a précisé à ce propos M. Jibril, qui n'a donné aucune date ou délai. Il ne sera pas nécessaire d'attendre la chute de la ville de Bani Walid, autre bastion pro-Kadhafi actuellement assiégé par les combattants du CNT, a-t-il expliqué. «Sur ma recommandation, le CNT a choisi cette option, ceci afin d'accélérer la mise en oeuvre de la transition et le chemin vers la démocratie», selon M. Jibril. A préciser enfin que les combats autour de Qasr Abou Hadi à l'est de Syrte, opposent depuis une semaine les forces du CNT aux troupes loyales au colonel Khadafi. «Environ 75% de Qasr Abou Hadi est sous notre contrôle. Nous avons eu trois jours de combats intenses», a indiqué un commandant des forces du CNT. H. Y./agences