L'association nationale de jeunes RAJ (Rassemblement actions jeunes) organise un séminaire de deux jours au siège de la fondation Friedrich Ebert pour la commémoration du vingtième anniversaire du 5 Octobre 1988. «Ce n'était pas seulement une émeute ni un chahut de gamins, octobre 1988 est un moment fort dans l'histoire du pays. Les Algériens qui sont sortis dans la rue n'étaient pas simplement mus par la faim ou des luttes au sein du pouvoir en place, ils sont sortis pour revendiquer la justice sociale», déclarait, hier, M. Hakim Addad, secrétaire général de RAJ. «Il faut que les Algériens puissent se souvenir de ceux qui sont morts pour avoir lutté afin qu'advienne la démocratie», poursuit-il en rappelant que les événements du 5 Octobre 1988 font suite aux différents mouvements existant antérieurement au niveau des travailleurs dans les usines et de certaines rédactions de la presse unique de l'époque… Même si l'orateur dresse un bilan chaotique de la situation politique et des libertés démocratiques actuelles, il reconnaît que le soulèvement populaire d'octobre 1988 est une page de l'histoire qui a permis «la reconnaissance des libertés de se réunir, de s'organiser, d'éditer, d'écrire, d'être pluriel en dehors des cercles de la pensée unique» et cela même si «beaucoup de monde la dédaigne». Pour M. Addad, qui souhaite l'implication de plus de personnes dans la vie politique à travers les associations et partis politiques (ou carrément d'en créer), «les acquis d'Octobre doivent être défendus et sauvegardés par ceux qui en bénéficient le plus». Afin de perpétuer ces notions et commémorer cette date de l'histoire de l'Algérie indépendante, l'association organise, demain, un rassemblement pacifique de recueillement à la place des Martyres à Alger. «Nous en appelons à la société et nous descendons sans armes ni dans les mains ni dans les cœurs. Et on souhaite que les pouvoirs publics co-organisent cette manifestation», annonce M. Addad. Lors de la première journée du séminaire de commémoration organisé hier, sous le slogan «et l'espoir continue», la première conférence intitulée «état des lieux démocratiques et sociaux», le représentant de la fondation Friedrich Ebert a tenu à préciser que les opinions émises ne peuvent être imputées à la fondation. Après un hommage adressé par les membres de l'association au défunt Mahmoud Derrouiche, le poète et résistant palestinien, plusieurs personnalités politiques et des mouvements associatifs et syndicaux ont pris la parole pour faire un état des lieux dans leurs domaines respectifs. MM. Idir Achour représentant du CLA (Conseil des lycées d'Algérie), Ahmed Bettatache du FFS et Abed du collectif des parents de harraga se sont entendus pour dessiner un tableau où les acquis d'Octobre 1988 ont nettement été bafoués et les libertés diminuées. Aujourd'hui, une deuxième série de conférences, animées par MM. Abdelhamid Mehri, Kamel Lahbib et des responsables du mouvement politique et social du Maroc et de Tunisie auront lieu au siège de la fondation Friedrich Ebert. S. A.