Photo : Zoheïr Par Tassadit Lazili Nombreux sont les amateurs du 4ème art venus voir la présentation de la pièce de théâtre de la troupe égyptienne «Foursan El Masrah» (les cavaliers du théâtre) d'Egypte, à la salle El Mouggar, lundi dernier. Mais ils seront déçus, car la représentation a été annulée à la dernière minute. Programmée hors compétition pour la 3ème édition du Festival national du théâtre professionnel, la troupe s'est inscrite aux abonnés absents sans que les organisateurs pensent à en informer le public. La programmation, comme la déprogrammation, semble obéir à l'improvisation qui, si elle est bonne sur les planches, est plutôt de mauvais goût quand il s'agit d'un festival. «La pièce a été annulée mais il y en a une autre, la représentation a commencé à 15h», nous dira l'un des responsables de la salle. En effet, une grande affiche, collée à côté de celle sur laquelle on pouvait lire le programme des représentations de la salle El Mouggar, annonçait la Fenêtre de la coopérative El Rimah. La pièce était programmée dans le cadre du club de théâtre créé récemment par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) pour être le point de rencontre entre les comédiens et le public. La représentation devait avoir lieu à 15h alors que celle de Foursan El Masrah était prévue pour 16h. La troupe de la coopérative El Rimah a donc été sollicitée pour combler une déficience en remplaçant au pied levé la troupe égyptienne… si ce n'est pas de l'improvisation, ça y ressemble fortement. Mais comme le dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon. La jeune troupe a «récupéré» le public de Foursan el Masrah pour sa pièce, la Fenêtre. Mise en scène par Djamel Guermi, assisté par Rym Takoucht, la pièce est une histoire inspirée du roman de Franck Marx et adaptée par Nabil Asli. La représentation d'une heure et demie raconte l'histoire de trois hommes, Si Kafi, un non-voyant, Abbas, le comédien raté, et Bob. Le sort a réuni les trois hommes dans une circonstance bien définie, celle d'aider Si Kafi. Le rideau s'ouvre sur un décor dénudé fait d'une petite table, d'une chaise et d'une horloge qui indique 19h 20mn, entre chien et loup. La lumière est diffuse. On voit Bob «espionner» à travers une fenêtre l'amour caché de Si Kafi. Avec son ami Abbas, il complote pour extorquer de l'argent au non-voyant et ce, en lui vendant les informations qu'ils récoltent sur sa dulcinée. Mais les deux compères n'ont, en fait, jamais rien rapporté de vrai. Ils n'ont vendu à leur victime que du vent, parce que tout simplement la femme adorée de Si Kafi avait déménagé. Ils lui faisaient donc croire qu'elle était avec un autre homme et que, finalement, elle est de mœurs légères. Et Si Kafi croie ses deux amis et, se confiant à Bob, parle de ses profonds sentiments envers cette femme et de son accident qui l'a rendu aveugle. Si Kafi était sapeur-pompier, et c'est dans un incendie qu'il a perdu la vue en tentant de secourir des personnes prises dans les flammes. La conscience de Bob se réveille. Il a des scrupules et commence à sentir le remords le tenailler. Il interpelle son ami Abbas et lui demande d'arrêter ces manœuvres indignes. Le rideau tombe. La pièce de théâtre sera suivie d'un débat entre le public et toute la troupe de la coopérative El Rimah. Les questions tourneront sur le choix du décor et le sujet traité par la pièce. Le débat était bien nourri et d'un niveau appréciable, qui est de bon augure pour le théâtre. On n'en dirait pas autant de l'organisation du festival.