Troisième et dernière escale de leur croisière en Algérie, après Mascara et Annaba,la Salle El Mouggar a reçu mercredi passé les membres de la troupe nationale égyptienne du théâtre expérimental. Les égyptiens devaient, encore une fois, confirmer leur réputation d'acteurs nés. Un spectacle puissant, une interprétation à la pointe, un théâtre qui a vibré, mais... Mercredi soir, la salle El Mouggar a réussi, comme pour exaucer le souhait du propriétaire et en grande partie grâce à l'impressionnante interprétation de la troupe égyptienne, le pari de ressuciter ce lien tacite, depuis longtemps disparu, entre les planches et le public. Dans le cadre des échanges entre notre ministère de la Culture et celui de l'Egypte, la troupe nationale égyptienne de théâtre expérimental a débarqué la semaine dernière en Algérie pour une tournée qui devait desservir trois destinations. Annaba d'abord, le samedi 08 décembre, avec une pièce intitulée Dhat El Himma, pièce déjà présentée en Algérie, il y a deux ans et le lundi 10 décembre, à la maison de la culture Safir Boudali de Mascara. Présents à Alger dès mardi, les membre de la délégation artistique ont assisté à la représentation de la troupe algérienne à l'occasion de la réouverture de la salle qui devait les accueillir le lendemain. «Akhbar, Ahram, Djoumhouria», titres phare de la presse égyptienne, sont aussi l'intitulé de la pièce présentée à El Mouggar. Le drame, dans l'ensemble, psychologique, relate l'histoire de gens du peuple qui, convaincus de leur mort, cherchent dans les journaux les faire-parts de leur décès. La vendeuse de journaux, interprétée par la tonitruante Wafa El Hakim, assiste à la sourde chute dans la démence de ces pauvres personnes et se laisse convaincre. Elle devient le temps d'une halte leur «lecteur public». Economie, politique, tourisme, culture et faits divers sont égrénés et interprétés par les auditeurs, acteurs malgré eux d'un asservissement diffus. Mais même les thèmes les plus morbides ne peuvent échapper à l'humour égyptien, un humour auquel le public d'El Mouggar a été très réceptif, d'autant plus que ce dernier a été sollicité plus que d'habitude. Les intrusion répétées de Wafa El Hakim, dans un espace habituellement réservé aux spectateurs, et les échanges autour du thème qui en résulteront, donneront une représentation originale. Projeté sans déplaisir dans une dimension scénique élargie, le public a eu sa part de dialogues. La troupe a fait en sorte que l'échange s'opère en empruntant à la «langue algérienne» ces mots qui font rire, lancés par un étranger. La pièce a, par ailleurs, abordé, et la troupe l'apprendra à ses dépens, des registres qu'il est préférable d'éviter. Certaines évocations ont tout simplement jeté le froid dans l'assistance. Meurtre, assassinat, terrorisme et relations étrangères n'ont apparemment pas été les sujets que le public souhaitait voir étaler sur scène par une troupe étrangère, du moins pas ave raitement ambigument comique.