De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Malgré l'importance indiscutable et indiscutée du rôle du musée dans l'éducation des enfants et la préservation de la mémoire collective, la coopération entre les établissements scolaires et le musée Ahmed Zabana d'Oran est pratiquement inexistante. Des sorties scolaires sont rarement organisées et le musée ne se déplace presque jamais dans les écoles (hormis l'action de la valise muséale conduite dans le cadre du mois du patrimoine) au grand dam d'un certain nombre de parents d'élèves qui auraient aimé voir leurs enfants diversifier leurs activités culturelles : «Heureusement que je n'ai pas attendu que l'école emmène ma fille au musée, souffle Madjid, enseignant quinquagénaire et père de deux enfants. Je lui ai fait découvrir Ahmed Zabana dès l'âge de trois ans et nous sommes souvent revenus avec sa mère et son frère. J'estime qu'il est important que les enfants se familiarisent avec l'Histoire et les visites aux musée constituent une étape très importante dans ce processus», estime-t-il. Lui-même passionné par l'Histoire, Madjid ne comprend pas que les ministères de l'Education nationale, du ministère de la Culture et de l'Enseignement supérieur ne travaillent pas davantage à développer l'intérêt des enfants et des étudiants pour les musées ni à soutenir ces institutions dans leur mission de préservation et de diffusion des connaissances auprès du public : «Notre musée recèle des trésors historiques très importants qu'il convient de protéger pour les générations futures mais les pouvoirs publics ne semblent pas se soucier de leur préservation», déplore-t-il en rappelant les efforts consentis par d'autres pays dans la sauvegarde de leur patrimoine historique.Pour rappel, le modeste musée Zabana - qui a été érigé en 1933 en plein Plateau St Michel - dispose de huit sections qui offrent la possibilité de découvrir les Beaux-arts, l'Histoire naturelle, l'Art musulman à travers des époques lointaines : des peintures et sculptures, des objets de l'art musulman remontant au 11ème siècle, comme ceux ayant appartenu aux dynasties musulmanes du Maghreb, des collections de pièces de monnaie retraçant l'histoire des peuples africains (du 11ème au 18ème siècles) et européens (19ème et 20ème siècles), des objets appartenant à la Préhistoire et témoignant du passage des hommes primitifs en Algérie, des vestiges matériels de l'Afrique et des pays du Maghreb, notamment l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, des collections de photographies, cartes et plans montrant le développement d'Oran depuis sa création aux environs de 903, et une section naturelle composée de collections appartenant à la zoologie, à la botanique et à la paléontologie : «Malheureusement, l'Education et l'Université ne profitent pas suffisamment de ces matériaux, note un enseignant en insistant sur le fait que toutes ces collections sont d'un intérêt particulier pour les étudiants. Compte tenu du manque d'intérêt combiné des pouvoirs publics et de la majorité des citoyens préoccupés par des considérations plus prosaïques, le musée d'Oran se contente de sauvegarder ses matériaux et d' abriter des manifestations culturelles (ce qui est déjà une bonne chose vu l'environnement très peu favorable) en attendant de pouvoir assurer la collecte et la diffusion des données.