Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili à l'intérieur de la salle de spectacles du Centre culturel français de Constantine, Stanislas Frenkiel semblait assez déçu par l'attitude de la Fédération algérienne de football et celle du ministère de la Jeunesse et les Sports qui n'ont donné aucune suite aux sollicitations formulées et qui auraient contribué à étoffer au mieux les informations collectées ici et là (France et Algérie) pour la finalisation d'une thèse consacrée aux footballeurs professionnels algériens ; des contextes dans lesquels s'opérait la migration en ce sens de 1954 à nos jours. A l'image de ces deux institutions, des anciens footballeurs ont également pris des engagements avec le chercheur et se seraient hélas dérobés par la suite sans qu'il ait eu à en connaître les raisons. Cela étant, face à une trentaine de personnes, vraisemblablement intéressées et au fait de l'histoire du football national, le conférencier, au cours de cet après-midi de jeudi printanier, aura littéralement plongé dans un univers onirique l'assistance par la limpidité des informations, la nature romancée et construite sur une sorte de dramaturgie laquelle s'est, d'ailleurs, installée d'elle-même compte tenu des raisons ayant à différentes époques conduit à la migration de sportifs. Pour quelle raison les footballeurs algériens et pas ceux des pays voisins d'Afrique du Nord, voire noire ? «L'argument majeur et incontournable étant évidemment l'histoire, la culture qui lient la France à l'Algérie, marquées par des relations passionnantes, passionnelles et passionnées.» Au cours de la démonstration faite au CCF, il existe une certitude : rarement et sans doute à aucun moment une exploration aussi minutieuse n'a été tentée ou faite autour d'une discipline qui n'a pas cessé d'alimenter mémoire et imaginaire de nos concitoyens et plus particulièrement dans la période sombre traversée par le pays entre 1954 et 1962.La migration de vagues successives de footballeurs algériens vers l'Hexagone sera triplement catégorisées : les migrants sportifs (1954-1972), les migrants familiaux (1972-1988) et ceux qui, en vertu du droit du sang et du sol communément appelés les binationaux (1988-2002). L'adhésion à l'une ou aux autres conditions est dictée par des évènements conjoncturels historiques, économiques et culturels dont les détails, malgré leur importance et les explications qu'elles apportent au sujet, ne peuvent être abordées compte tenu de leur volume.Le thésard aura recensé tout au long de ses recherches 194 footballeurs professionnels de 1954 à 2002 «Tout cela via des sources orales résumées en une soixantaine d'entretiens réalisés avec des joueurs aussi bien en France qu'en Algérie (Frankiel y a séjourné trois mois), des articles de la presse française et celle algérienne et les archives personnelles des footballeurs, du CIO, de la Fifa et bien entendu de la FAF, de la ligue d'Alger et du Musée de la préfecture de police de Paris, et à partir de deux évènements majeurs qu'ont été les rencontres France-Afrique du Nord et France-Algérie et leur reconstitution par la méthode dite prosopographique (biographie collective). Ces recherches et l'activité qui en découlait tournaient évidement autour de la nécessité de remettre les choses dans un contexte précis et éclairer au mieux l'opinion sportive sur les migrations sportives, des migrations complexes articulées sur des facteurs socioculturels et des conditions historiques spécifiques». En fait la thèse serait appelée, selon son auteur, à devenir prochainement un ouvrage scientifique. Stanislas Frenkiel annonçant la reprise de ses travaux de recherche, il n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler qu'il avait eu connaissance, en France même, d'un important travail professionnel sur le football réalisé par un sociologue algérien. Il s'agit effectivement de feu Djamel Boulbier dont les travaux à la loupe sur le football algérien en tant que phénomène de société auraient gagné, en tant que véritable bible, à être exploités par les instances nationales. Concluons enfin sur l'étrange absence des footballeurs, anciens ou en activité, les représentants des différentes ligues de football. Seule quelques connaisseurs, au demeurant d'un âge avancé, avaient répondu à l'invitation du CCF.