Photo : Sahel De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il y a bien des années et sans que ce temps remonte forcément à loin, la ville de Constantine s'enorgueillissait d'une très forte implantation des sports collectifs. L'activité en question et dans toutes ses disciplines s'était installée naturellement. Il arrivait un moment où collégiens et collégiennes étaient appelés à faire un choix en matière d'activité physique au sein de l'établissement. Il en était de même au lycée et, enfin, à l'université pour ceux qui y accédaient. Celle-ci devenait de fait l'antichambre des sélections nationales pour ceux qui avaient encore une fois l'avantage de persévérer, d'avoir des prédispositions pour et surtout de réussir des performances qui demandaient à être mieux exploitées. Les Constantinois, en réalité, n'ont jamais eu d'atomes crochus avec le handball, mais avaient surtout une prédilection pour le volley-ball et le basket-ball, lesquels, paradoxalement, étaient forts prisés, aussi bien par ceux qui les pratiquaient que par leurs parents qui y voyaient le prolongement d'une forme d'éducation physique autre que le football, malgré l'engouement populaire qu'il suscite, n'était pas en mesure de fournir. Les espaces d'accueil des athlètes n'étaient pas nombreux mais l'emplacement de ceux qui existaient avait cela de rationnel qu'ils étaient implantés en des endroits qui n'exigeaient pas de sacrifices physiques, matériels ou financiers pour s'y rendre. Les deux ou trois grands faubourgs de la ville étaient dotés d'espaces naturels suffisamment propices et souvent agencés pour accueillir la discipline concernée. Ainsi, le square Panis disposait seulement d'une aire de jeu pour la pratique du volley-ball qu'utilisaient le CSC et le MOC. L'espace en question était de la taille du seul terrain et servait par conséquent également aux entraînements de toutes les catégories de chaque équipe. l'ASPTT Constantine ou l'AS Protection civile avaient leurs propres installations. En basket-ball, c'était pratiquement la même chose, quoique seul le Mouloudia local représentât la ville. Il sera suivi par la suite de la DNC/ANP, qui, à notre sens, est à l'origine du phagocytage, voire de l'atomisation des autres associations, de leurs meilleurs joueurs. Elle aura réussi à corroder l'ambiance et les esprits au sein des sports collectifs dans la ville des Ponts. Les meilleurs volleyeurs de Constantine rejoindront le NAHD dont ils feront une équipe redoutable. Nous citerons Allouache, Kassama, Bouyoucef, Benazouz. Un peu plus tard, avec la réforme, le WRMC (une hybridation du MOC et du CSC), sous la tutelle de l'ex-Sonacome, avait essayé de recomposer la scène en récupérant des joueurs restés en déshérence mais aussi des valeurs montantes, pour redynamiser, grâce à l'engouement créé par Derouaz dans le monde du hand-ball et ses exploits continentaux avec l'équipe nationale, le hand-ball. La désagrégation du secteur économique au lendemain de la crise des hydrocarbures de 1986 allait rapidement se traduire sur le terrain par le désengagement de l'Etat via les entreprises nationales dans la prise en charge des associations sportives dites d'élite. Les sports collectifs déjà moribonds, la raréfaction des enceintes pouvant accueillir leur pratique, voire la disparition des quelques espaces restants, l'engouement de plus en plus croissant des gens pour le football, un sport qui joue le rôle de soupape de soulagement, un exutoire permettant de donner libre cours aux trop-pleins de frustrations et de mal-vivre, l'horaire de programmation de la compétition : en milieu d'après-midi, contrairement aux sports collectifs, dont les rencontres se disputaient en matinée, l'absence de charisme des volleyeurs, handballeurs et basketteurs. Et, enfin, la chute libre d'exemples à même de servir de courroie de transmission ou sinon d'objet d'émulation, en l'occurrence les équipes de l'élite, elles-mêmes laminées, majoritairement en voie de disparition et la chute dans l'anonymat de l'équipe nationale, sans doute le seul élément fédérateur qui aurait pu sauver les meubles. Il relève de la gageure, de l'engagement le plus farfelu du monde que d'espérer relancer les sports collectifs à Constantine. Il n'y a même pas lieu d'y songer et tout ce qui se dira, se préparera ici et là pour faire croire le contraire n'est que plans tirés sur la comète par des gens qui n'ont toujours pas saisi l'ampleur du mal et ne savent même pas où le situer. Nous ne rappellerons jamais assez qu'au cours de chaque assemblée générale élective d'une association, les candidats jurent que «la réhabilitation du club ne saurait être sans la relance des sports collectifs qui ont fait… sa gloire». La suite est connue. Non seulement les disciplines concernées ne sont pas relancées mais même les budgets accordés dans cette optique par les pouvoirs publics sont littéralement «bouffés» par le football. Comble de l'ironie, les dirigeants du MOC parlent aujourd'hui de la création d'une équipe de rugby en… jumelage avec un club français. Comme quoi le ridicule ne tue pas.