Synthèse de Rabah Iguer Le mouvement associatif doit être consulté dans l'étude des dossiers des demandeurs de logements sociaux et l'établissement des listes des bénéficiaires, ont estimé, hier, à Tlemcen des représentants de la société civile de trois wilayas de l'Ouest du pays. Les représentants d'associations des wilayas de Tlemcen, Sidi Bel Abbès et de Aïn Temouchent ont souligné, lors d'une rencontre de concertation sur le développement local en présence d'une délégation du Conseil national économique et social (Cnes), que «les comités de quartiers devraient être réactivés pour prendre part aux réunions des commissions chargées d'étudier et de distribuer les logements sociaux». Selon un militant d'une association de la wilaya de Tlemcen, l'implication de la société civile dans cette opération donnerait plus de crédibilité au travail des commissions, qui «à chaque fois qu'elles affichent des listes de bénéficiaires provoquent des contestations, voire des émeutes». «Il n'y a pas mieux placés que le voisinage et les comités de quartiers pour connaître les véritables nécessiteux et contribuer à résoudre leur problème de logement», a-t-il souligné. Le président d'une association de jeunes de la wilaya de Aïn Temouchent a appelé, pour sa part, à la révision des procédures de distribution de logements, qui doivent se faire «dans la transparence et l'équité, et des critères pour en bénéficier». Une augmentation des quotas de logements destinés aux jeunes et une redéfinition de la formule «logement social» pour permettre aux citoyens dont le salaire est supérieur à 24 000 DA d'en bénéficier, participeraient à une prise en charge conséquente du problème de logement, a-t-il relevé. «Le problème est qu'un citoyen qui perçoit un salaire de 40 000 DA n'est pas assez riche pour acheter un logement et il n'est pas éligible pour bénéficier d'un logement social», a-t-il déploré. Il a indiqué, par ailleurs, que les pouvoirs publics devraient augmenter les aides financières accordées pour la construction des logements individuels et ruraux, pour stabiliser les populations dans leurs régions d'origine et mettre fin au phénomène de l'exode rural. Concernant la promotion de l'emploi, notamment au profit des jeunes, les participants ont affirmé que la réussite des différents dispositifs publics pour la création de l'emploi nécessite une lutte contre la bureaucratie et un assouplissement des procédures. Un jeune universitaire de la wilaya de Sidi Bel Abbès a préconisé, à cet effet, la mise en place d'un guichet unique où seront représentées toutes les entités spécialisées dans la création et la promotion de l'emploi, ainsi qu'un accompagnement et l'orientation, en aval et en amont, des micro-entreprises créées par de jeunes opérateurs. Il a estimé qu'une relance du secteur public, par la réouverture des usines et unités de production fermées durant les années 1990, et l'encouragement d'un secteur privé «responsable et «nationaliste», contribueraient également à la résorption du chômage qui affecte, en particulier, la jeunesse. De son côté, une militante d'une association qui lutte pour l'épanouissement de la femme rurale, a insisté, pour sa part, sur la nécessité d'encourager le développement de l'artisanat, qui constitue le principal revenu pour de nombreuses familles établies dans les régions rurales. La protection et la promotion de cette activité traditionnelle permettrait, a-t-elle dit, de préserver des centaines de postes d'emploi et d'en créer des centaines d'autres, notamment au profit des femmes au foyer et de celles en zones rurales. Un représentant de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) a appelé, quant à lui, au développement des secteurs à forte valeur ajoutée comme l'agriculture et le tourisme. «Cela permettrait, a-t-il dit, de construire une économie diversifiée et productive, hors hydrocarbures». «Les dispositifs spécialisés dans la promotion de l'emploi devraient encourager les jeunes à se lancer dans des activités agricoles et touristiques, au lieu de favoriser les projets de transport (microbus)», a-t-il souligné. Intervenant à la fin de la rencontre, le président du Cnes, M. Mohamed Seghir Babès, a rappelé que la mission confiée au Conseil par le président de la République consiste à écouter les préoccupations et les attentes des différentes franges de la société algérienne à travers le pays. «Les recommandations et propositions formulées dans ce contexte seront constituées en plateforme en vue de les intégrer dans le programme national de réformes», a-t-il ajouté. La délégation du Cnes s'est rendue, hier en début de soirée, à Oran où elle animera une autre rencontre de concertation sur le développement local avec les chefs de l'exécutif des wilayas d'Oran, de Mostaganem, de Mascara, et de Relizane. Aujourd'hui, deux autres rencontres sont également programmées et doivent regrouper, à Oran, la délégation du Cnes, les représentants de la société civile et les élus locaux de ces quatre wilayas de l'Ouest du pays.