Photo : Riad Par Abdelkrim Ghezali Au fait, c'est quoi la culture ? Est-ce un phénomène à inventer, à importer, à concevoir, à bricoler dans des officines loin des sensibilités individuelles et collectives, loin des matrices sociologiques qui, dans chaque région du pays, dans chaque regroupement social, sont fertiles et produisent tous les jours, des faits culturels ? La culture est l'expression multiforme du génie populaire, à travers toutes les formes des arts modernes et traditionnels et des différents modes de vie qui caractérisent les communautés humaines en fonction de la topographie de leur espace vital et des interactions entre les communautés qu'elles soient nationales ou internationales. La culture est, enfin, cette expression matérielle et immatérielle qui différencie les communautés autant qu'elle les unit. C'est à ce titre que l'authenticité d'une culture se manifeste dans l'expression de sa différence, de sa spécificité et de son cachet particulier même si le fond est commun à toute l'humanité. C'est à ce titre aussi que les différences sont l'expression de la richesse. Donc, le centralisme culturel sonne toujours le glas de la diversité, de l'authenticité, de la créativité et étouffe les génies dans l'œuf. La culture saisonnière, circonstancielle et occasionnelle est une culture administrée, bureaucratisée, caporalisée qui travestit le sens même d'une vie culturelle. Comme si les citoyens n'ont droit à la culture qu'à telle ou telle occasion. A ce rythme, la désertification risque de toucher même les grands centres urbains qui monopolisent l'activité culturelle commandée et encadrée. Il est temps de libérer le génie et de permettre aux différents terreaux culturels de l'espace national de s'exprimer naturellement, spontanément et à longueur d'année. N'y a-t-il pas un potentiel culturel dans le plus enclavé des villages du pays ? Pourquoi, une communauté réduite numériquement ne peut-elle pas avoir une vie culturelle normale à travers des activités qui permettent aux habitants d'un village algérien de vivre au moins une fois par semaine une communion ? Les jeunes, partout en Algérie, sont assoiffés de se rencontrer autour d'activités et d'expressions culturelles dans lesquelles ils se reconnaissent. Les jeunes ont besoin d'un espace structurant, motivant qui leur est dédié et qui leur permet de produire et de consommer leur propre culture. Jusque-là, les maisons de culture sont des administrations dominées par des fonctionnaires qui ont une approche statique et sélective du fait culturel. Ne faut-il pas rendre ces temples à ceux qui portent la culture dans leur cœur, dans leur veine ? Car ce sont ceux-là qui feront fleurir le désert qui les entoure et le ghetto dans lequel ils sont enfermés.