Photo Zoheïr Le PDG de la compagnie nationale de transport aérien, Air Algérie, M. Mohamed Salah Boultif, a annoncé samedi à Alger l'élaboration d'un plan pluriannuel d'action à moyen terme destiné à développer la compagnie. "Ces travaux, qui ont déjà commencé, auront pour but d'établir un diagnostic sur l'ensemble des compartiments de l'entreprise pour aboutir à un plan pluriannuel et qui sera traduit en programme d'actions sectoriels", a-t-il affirmé à l'occasion de la tenue de la conférence annuelle des cadres de l'entreprise. Le premier responsable d'Air Algérie a estimé, dans ce contexte, qu'en dépit des efforts consentis par la compagnie en matière d'investissements, notamment en matière de renouvellement de la flotte et de recrutement de ressources humaines, ces efforts "n'ont pas été intégrés dans un plan cohérent". Il a souligné, à ce propos, la nécessité de définir les objectifs à moyen et long termes et les moyens de parvenir à assurer cette pérennité escomptée de l'entreprise. Le patron de la compagnie publique a indiqué qu'il sera fait appel à toutes les compétences de l'entreprise à travers la constitution de groupes de réflexion. M. Boultif a, ainsi, appelé, les cadres de l'entreprise à prendre toutes les mesures nécessaires en vue d'"améliorer la relation avec le client à tous les niveaux, renforcer les relations avec les intermédiaires agréés, développer les relations avec les entreprises et toutes les institutions". Il a mis l'accent, à ce titre, sur la nécessité d'améliorer la qualité de service, estimant que cette mission est "l'affaire de tous", et notamment des unités régionales. Il a appelé ses cadres, à stopper "impérativement", la tendance à la baisse des parts de marché de l'entreprise, à développer leur contribution à l'ensemble des lignes du réseau au-delà de celles qui desservent leurs escales respectives, à veiller à une bonne gestion des créances et à une réduction des charges de fonctionnement. Le PDG de la compagnie a, par ailleurs, relevé "un certain nombre de signes inquiétants" quant à la situation globale de l'entreprise. "Si nos produits ont augmenté de 25% en cinq ans, nos charges ont augmenté de 31%. Autrement dit, nos charges ont augmenté plus vite que nos recettes", a-t-il souligné dans son intervention durant les travaux.Pour illustrer la situation financière de l'entreprise, M. Boultif a affirmé que "les résultats d'exploitation sur les cinq dernières années ont baissé de 71%". "Si ces déficits sont acceptables pour les lignes soumises à sujétion de service public, ils deviennent inquiétants lorsqu'ils concernent les lignes strictement commerciales", a-t-il estimé. Il a relevé, également, que l'entreprise enregistre une "augmentation alarmante" des créances détenues sur ses différents clients. "Non seulement nos recettes baissent, mais nous ne nous attelons pas à les récupérer dans des délais raisonnables", a-il indiqué. Il a fait remarquer, à ce titre, que la rentabilité de l'entreprise ne provient pas de son activité. "Si nous avons enregistré des résultats positifs, ils sont dus à nos produits hors exploitation", a-t-il soutenu. Le PDG d'Air Algérie a affirmé, dans ce contexte, qu'au moment où la compagnie connaît une tendance à la baisse de ses recettes, elle enregistre une augmentation du coût du billet. Il a fait savoir dans le même sens que les coefficients de remplissage des vols de la compagnie sont "relativement bas" sur la plupart des lignes, et ce au moment même où la moyenne des autres compagnies augmente pour atteindre des taux allants jusqu'à 80%. Sur les lignes intérieures, le patron d'Air Algérie a constaté "un fléchissement du trafic" sur les lignes régulières, expliquant cette baisse par "l'amélioration sensible des transports terrestres". Sur ce marché, l'apparition d'un second opérateur (Tassili Airlines) va avoir pour effet une perte sur les quelques marchés rentables tel que celui des vols charters", a-t-il averti. Sur le plan de la qualité de service, M. Boultif s'est montré critique envers ses cadres, reconnaissant que la ponctualité des vols de la compagnie et la qualité de ses services tant au sol qu'à bord "se sont dégradés". Pour ce qui est du développement des ventes via Internet, il a avoué que la compagnie "a pris du retard". L'amélioration du marché de transport aérien algérien qui a renoué avec la croissance avec une progression annuelle de 10% du trafic global "a profité quasi exclusivement", selon lui, aux compagnies étrangères concurrentes.