L'OPEP semble inquiète de la situation prévalant en zone euro où les risques d'effondrement du bloc économique ne sont pas écartés. Ainsi, le cartel du pétrole affiche un optimisme prudent quant à la demande mondiale de pétrole à l'horizon 2015. Néanmoins, l'OPEP met en garde contre les risques que font peser la crise de la dette en zone euro et un ralentissement généralisé de la croissance. Dans son rapport publié hier, l'OPEP prévoit une demande de pétrole de 92,9 millions de barils par jour (mbj) en 2015, soit 1,9 mbj de plus que son estimation de l'an passé. Après la récession de 2009, la reprise de l'économie «a en fait été plus rapide qu'anticipé», ce qui avait déjà entraîné un relèvement des prévisions à moyen terme l'an passé, a-t-elle ajouté. Mais l'OPEP avertit contre le risque de voir son pronostic contrarié, en particulier «depuis que la crise de la dette souveraine dans certains pays de l'Union européenne semble se propager et que l'économie mondiale paraît de nouveau ralentir». La crise de la dette est la «question la plus urgente», souligne l'OPEP. Pour l'organisation des pays producteurs, faute de solution collective, elle «pourrait déboucher sur une crise bancaire inquiétante avec des risques potentiellement systémiques». En 2015, «la demande en provenance des pays non membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sera pour la première fois plus importante que celle des Etats membres», selon le rapport. La Chine va porter la croissance, tandis qu'elle devrait modestement progresser en Amérique du Nord et légèrement diminuer en Europe occidentale.Par ailleurs et en dépit de la situation de crise, les prix du pétrole ont ouvert hier en hausse à New York, portés par l'espoir d'une amélioration de la situation en Europe et par les tensions entourant la publication imminente d'un rapport crucial sur le nucléaire iranien par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre évoluait à 96,74 dollars sur le New York Mercantile Exchange, en hausse de 1,22 dollar par rapport à la clôture de lundi dernier. Le brut texan coté à New York remontait à des niveaux qu'il n'a pas atteints depuis le 1er août dernier. «Le marché suit nettement les marchés boursiers» qui renforçaient leurs gains à la mi-journée en Europe, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les places européennes ont accéléré leur hausse en cours de séance s'attendant au prochain départ du Premier ministre italien Silvio Berlusconi. L'Italie tient en haleine les marchés financiers depuis le début de la semaine. La Grèce, qui se cherche un nouveau Premier ministre pour diriger un gouvernement d'union nationale, est pour sa part un peu sortie de la ligne de mire des investisseurs. «Plus de clarté sur ces dossiers incite à espérer un dénouement dans la crise européenne de la dette», a noté Matt Smith, analyste chez Summit Energy (groupe Schneider Electric). Les cours du baril étaient en outre portés par un regain de tensions géopolitiques, avant la publication d'un rapport de l'AIEA sur l'Iran, qui devrait étayer, selon des sources diplomatiques occidentales, les soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien. «Cela ajoute aux tensions au Moyen-Orient, en particulier avec les commentaires israéliens», a dit M. Lipow, en allusion notamment aux propos du président israélien Shimon Peres selon lequel la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran, deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est «plus proche que l'option diplomatique». A. G.