Face à la colère des malades, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, a tenté de trouver des réponses. Contradictoires, il faut le souligner. Ce dernier a commencé par affirmer qu'il n'y avait pas de pénurie de médicaments sur le marché national relevant cependant qu'il y avait un manque de deux médicaments entrant dans le traitement du cancer et du sida. Il a ensuite accusé les distributeurs en déclarant qu'il s'agissait en fait d'une fausse pénurie fomentée par des intrus qui ont pollué le marché. «Aucun opérateur ne peut faire pression sur moi», avait même menacé le ministre qui a fini par retirer l'agrément à 200 distributeurs des produits pharmaceutiques. Mais le problème de la pénurie persistait. Il a alors dénoncé les mauvaises planification, programmation et distribution enregistrées au niveau des établissements hospitaliers. Mais pointer un doigt accusateur que ce soit pour la distribution, la gestion ou encore la planification, n'allait pas résoudre le problème de la pénurie. Le gouvernement devant agir rapidement, le premier ministre Ahmed Ouyahia a décidé de convoquer un conseil interministériel pour avoir une «grande» explication avec son ministre de la Santé et essayer de trouver une solution aux ruptures cycliques de médicaments observées dans plusieurs régions du pays. Face à une situation d'urgence, le gouvernement a adopté un programme d'urgence. Il a néanmoins examiné à la loupe cet épineux problème qui pèse sur le secteur depuis des années, malgré les efforts colossaux consentis par l'Etat où plus de 2 milliards de dollars sont consacrés annuellement par l'Algérie pour l'importation du médicament. Parmi les décisions prises, le conseil interministériel a tranché le principe de remettre sur pied l'Agence nationale du médicament. Le ministre de la Santé qui avait comme ordre de mission de traduire concrètement le décret présidentiel signé en juillet 2008, portant création de cet organisme n'a pas jugé utile de le faire 3 années durant. Avec la relance de l'Agence du médicament, cette dernière aura l'exclusivité pour l'enregistrement, l'homologation et l'importation. Indépendante de l'administration centrale, elle aura à sa charge la régulation du marché de l'importation et de la production du médicament. L'Agence devra déterminer les médicaments essentiels, commander en temps utile et décider du rapport qualité/prix. Pour Ahmed Ouyahia, il n'y a pas de doute que cette agence contribuera à l'amélioration de la disponibilité du médicament. Autres décisions de la feuille de route de la réunion : le paiement de l'intégralité des dettes de la Pharmacie centrale des hôpitaux, contractées auprès des fournisseurs locaux et étrangers pour lui permettre de procéder à l'importation immédiate de produits pharmaceutiques nécessaires au bon fonctionnement des hôpitaux. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a été instruit pour actionner les banques afin de mettre les fonds nécessaires au profit de la PCH. De même, Karim Djoudi a été sommé de débloquer les marchés des hôpitaux au niveau de la commission des marchés pour que ces derniers puissent honorer leurs factures auprès de la PCH, de l'ordre de 27 milliards de dinars. Il s'agit là des mesures urgentes décidées par le Premier ministre qui vient, il faut le dire, de rappeler à l'ordre son ministre pour avoir failli à sa mission. D'autres mesures à long terme ont été tracées dans le cadre de la réforme du système sanitaire en Algérie. Il est aussi question, entre autres, des projets de partenariats. L'Algérie a signé, à titre d'exemple, un accord de partenariat portant sur la production de médicaments et de produits pharmaceutiques avec les Etats-Unis. Un comité conjoint, réunissant des responsables et des scientifiques algériens du secteur de la santé et des chercheurs américains, a été lancé en date du 8 octobre dernier. Ould Abbas a annoncé qu'une étude technologique intitulée «Algérie Vision 2020» et menée par des laboratoires américains serait prête d'ici trois mois. Son objectif est de procéder à l'analyse de l'environnement réglementaire en Algérie et d'émettre des recommandations portant sur la création d'un pôle biotechnologique dans le pays avant la fin de la décennie en cours.Un deuxième contrat de partenariat algéro-britannique sera signé à la fin du mois en cours. C'est au terme de deux années de négociations entre les laboratoires algérien Biopharm et britannique Astra Zeneca qu'un accord de partenariat sera signé pour la production de médicaments anticancéreux. Dans le cadre de ce partenariat, le laboratoire Astra Zeneca choisira parmi 250 médicaments anticancéreux le type qui sera produit en Algérie. L'unité Biopharm devra couvrir 70% des besoins nationaux à l'avenir. L'Algérie a également un projet de création de 57 centres de radiothérapie pour cancéreux qui seront prêts dans deux ans. Les centres existants au nombre de 13 ne pouvant pas prendre en charge la totalité des malades. Il est à espérer enfin que le département de la Santé et de la Réforme hospitalière réussira à sortir du «bricolage» pour aller vers une gestion plus rigoureuse et réussir à stabiliser le système de santé national. H.Y.