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Un engagement pour des actions concrètes et des résultats substantiels Première réunion sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au Sahel
Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Dans le cadre du suivi de l'initiative du gouvernement américain qui a créé, le 22 septembre dernier en marge de la 66e session de l'AG de l'ONU, le Forum global de lutte contre le terrorisme (FGCT), les travaux de la première réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités au Sahel, coprésidée par l'Algérie et le Canada, se sont ouverts hier, à Alger. Des représentants des pays membres du FGCT, des pays de la région du Sahel ainsi que des organisations régionales et internationales ont été invités à prendre part à cette rencontre. Ce groupe de travail a pour objectif, dans un premier temps, de déterminer les lacunes et les ressources des capacités de la région du Sahel dans cinq volets prédéterminés, à savoir la sécurité frontalière, la coopération entre les services de police, la lutte contre le financement du terrorisme, la coopération et le renforcement juridique et judiciaire et, enfin, l'engagement communautaire. Une fois les lacunes et les ressources déterminées, le groupe de travail du FGCT favorisera la coordination et la coopération internationales axées sur des mesures concrètes avec la mobilisation des capacités de lutte contre le terrorisme. A ce propos, M. Rezag Bara, le conseiller du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé la séance inaugurale, a précisé que «l'objectif de la rencontre est justement de mettre en place des programmes concrets qui vont permettre de développer les capacités des Etats. Il s'agit en premier des Etats du Champ mais également des extrarégionaux qui ont pris conscience de l'intérêt central de la région du Sahel dans la lutte contre le terrorisme». Pour M. Rezag Bara, les cinq domaines prioritaires qui ont été choisis comme plateforme par le groupe de travail vont permettre un renforcement de la coopération internationale, notamment dans le volet de l'engagement communautaire, qui va permettre «la prévention de la radicalisation et de l'endoctrinement par l'appel à la solidarité des communautés locales et des organisations de la société civile». En prenant la parole, l'ambassadeur, Daniel Benjamin, le coordinateur du contre-terrorisme au sein du département d'Etat des Etats-Unis et coprésident du FGCT, a commencé par préciser que «la menace terroriste est devenue plus complexe avec certains changements survenant dans la région, en particulier en Libye». Il a ensuite expliqué que le FGCT était une nouvelle plateforme informelle de lutte antiterroriste multilatérale qui va se concentrer sur l'identification des besoins civils critiques en termes de lutte, mobiliser l'expertise et les ressources nécessaires pour faire face à ce genre de besoins et développer la coopération globale. Pour le représentant américain, le FGCT va donner la priorité au renforcement des capacités civiles «dans des domaines tels que l'Etat de droit ou encore la gestion des frontières. Le FGCT vise à être un catalyseur d'actions». Déjà, comme le soulignera M. Benjamin, des actions concrètes ont été annoncées dès le lancement du FGCT, dont un programme majeur sur le renforcement des capacités de l'Etat de droit d'une valeur de 100 millions de dollars et qui s'adressera aux pays en transition et sortant d'un état d'urgence. M. Benjamin citera également l'engagement des Emirats arabes d'accueillir un centre international d'excellence contre l'extrémisme violent. Il soutiendra qu'à travers le groupe de travail, qui se réunissait hier à Alger, les Etats-Unis espèrent «avoir une vision plus claire des challenges de renforcement des capacités et des priorités dans la région», tout en reconnaissant : «Nous ne serons pas toujours d'accord sur chaque question, mais nous allons sûrement être d'accord sur le fait qu'il y a des besoins et des défis urgents et chaque pays ou organisation présente à cette rencontre pourra apporter une contribution. Nous savons que ce qui est adapté à un pays ne pourra pas forcément l'être pour un autre, mais nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres.» Abondant dans le même sens, Mme Sabine Nolke, la directrice générale du bureau principal du programme de sécurité international au ministère des Affaires étrangères canadien, a clairement dit : «Nous tous, ici, avons intérêt à ce que cette réunion réussisse.» Elle reconnaîtra ensuite le leadership sur la question de lutte antiterroriste aux pays du Sahel qui «sont en première ligne dans la lutte et qui assument les coûts les plus importants des activités terroristes sur les plans humain et économique». Mme Nolke précisera : «Nous sommes venus ici avec l'idée que vous pourriez bénéficier de l'expertise et du renforcement des capacités des Etats membres du Forum mondial de lutte contre le terrorisme.» La direction de la lutte revient aux Etats du Sahel, dira la coprésidente du groupe de travail sur le renforcement des capacités au Sahel : «Ces efforts doivent être dirigés par les Etats du Sahel eux-mêmes qui doivent avoir une approche régionale.» D'ailleurs, Mme Nolke soulignera que le groupe de travail sur le Sahel s'appuiera sur les travaux d'autres initiatives régionales, dont la Conférence internationale sur le partenariat organisée par l'Algérie, en septembre dernier. Elle annoncera une proposition commune faite par les coprésidents du groupe de travail, qui veulent que chacun des cinq domaines proposés à la discussion lors de la réunion d'hier fasse l'objet de réunions régionales d'experts en la matière : «Nous nous attendons à ce que ces réunions donnent des résultats concrets et des projets durables qui marquent un véritable changement quant à la capacité des pays de la région à faire face aux menaces.» Mme Nolke terminera son intervention sur une remarque appropriée : «Nous ne voulons pas que notre initiative soit un lieu de palabres. Nous devons parler dans un langage qui met l'accent sur la coopération et le partage de l'information et qui insiste sur la nécessité d'une coordination régionale. Nous sommes ici pour mobiliser des ressources.» Autrement dit, il ne doit plus s'agir de paroles mais d'actes et c'est exactement ce que l'Algérie attend, comme l'a déclaré le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Messahel, qui a délégué son chef de cabinet pour lire son message à la rencontre d'hier. «Nous nous attendons à ce que vos discussions soient riches, substantielles et orientées vers l'action. […] Votre réunion d'aujourd'hui est significative de la prise de conscience des menaces qui pèsent sur notre région et il ne vous échappe pas que les pays de la région, les plus concernés par la menace terroriste, ont mis une stratégie régionale et cohérente. Nous percevons cette initiative comme un complément utile aux efforts de la communauté internationale dans la lutte antiterroriste», est-il souligné dans le message de M. Messahel, qui n'a pas manqué donc de rappeler l'existence de la stratégie régionale des pays du Champ et le leadership - qui leur revient de fait - dans la lutte antiterroriste. A signaler, enfin, que les travaux du groupe de travail, qui vont durer deux jours, se déroulent à huis clos. Ses conclusions seront transmises au FGCT qui servira de mécanisme visant à faire progresser la mise en œuvre de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations unies.