Une équipe de chercheurs, composée du professeur Remini Boualem de l'université de Blida, du docteur Ouled Belkhir de l'université de Djelfa et de l'ingénieur Dahmane Baba Amr, s'est déplacée à Ghardaïa pour établir un état des lieux après les intempéries et expliquer le déroulement de la tragédie. Comment une pluie de 15mn peut-elle déclencher une catastrophe ? «C'est une caractéristique des régions arides. C'est un phénomène spectaculaire. Les pluies sont soudaines, de forte intensité et dévastatrices. En plus, la région du Mzab est une région rocheuse, et toute l'eau a ruisselé», dira le professeur Remini avant d'ajouter : «On a estimé sur la base de différentes méthodes un débit de pointe de 1 200 m3 par seconde dans l'oued Mzab.» Il précise en outre : «On a trouvé des traces dans l'oued de Metlili de 6 m de hauteur et 8 m de hauteur dans l'oued Mzab à l'aval de Ghardaïa, ce qui justifie une telle ampleur.» L'équipe a souligné que la crue a atteint Sebkhate Sefioune qui se trouve à environ 180 km de Ghardaïa, et que tous les oueds de la région ont fait le plein. Cependant, un autre phénomène a été à l'origine de cette catastrophe, révèle Dr Remini. «A notre avis, en plus du débit exceptionnel de la crue, il y a deux autres problèmes, à savoir le barrage de Touzouz à l'amont qui a été détruit par la crue. Ce qui a provoqué un débordement de l'eau et des inondations dans la forêt [palmeraie].En plus, l'ensemble des ponts ont été bouchés par les débris et les troncs d'arbre drainés par l'oued, ce qui a provoqué un débordement des eaux.» L'équipe de chercheurs a noté que la région du Mzab est une région rocheuse constituée de ravins qui s'enchevêtrent les uns aux autres et dans lesquels circulent les principaux oueds de la région tels que l'oued Mzab, l'oued Zeghrir, oued Nsa et l'oued Metlili. Le professeur Remini a rappelé que la plus ancienne crue qui a été notée dans les archives est celle d'octobre 1884. Néanmoins, estime-t-il, la plus importante de l'histoire est celle survenue le 30 septembre 1901. C'était une crue exceptionnelle dont le débit n'a pas été estimé, elle fut qualifiée par les habitants de la région de «crue qui balaie tout» en raison de sa violence. La hauteur d'eau avait atteint 10 m avant la rupture du barrage. Tous les barrages avaient été détériorés. L'oued Mzab coulait pendant deux jours jusqu'à la Sebkhate Sefioune. R. I.