Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, à Biskra on l'a vu, et c'était bien un cobra. Depuis presque une décennie, la prolifération des cobras prend des dimensions alarmantes. Le professeur Remini B., chercheur à l'université de Blida, en a même filmé un veinard. Avec humour et facétie, il nous dira que la valse du cobra de chez nous s'exécute comme en Inde. L'animal est bien là, et le fait ne fait que se confirmer. Pour la première fois, début 1997, des témoins oculaires signalent la présence du cobra près du barrage Foum El Ghourza. Selon notre interlocuteur, deux versions se disputent l'explication de la présence de ce reptile sous nos tropiques. Pour les uns, l'histoire remonte aux années 40, début des travaux de réalisation du barrage Foum El Ghourza. Un immigré indien (Indou) travaillant dans la région qui, pour se divertir après les heures de travail, joue de la flûte en faisant danser le serpent. A son départ, il le laisse. La prolifération a pris quelques décennies et serait explicable, à travers un long processus d'adaptation. Des croisements ayant abouti à la multiplication d'une espèce de cobra qui résiste au climat désertique. Mais la deuxième version semble la plus plausible. En effet, l'entreprise française, maître de l'ouvrage du barrage Foum El Ghourza, implantée auparavant dans un pays africain, après délocalisation de ses chantiers aurait, involontairement, emporté des oeufs de cobra, et la suite est à deviner. Quels qu'en soient les récits, la présence du cobra dans certains endroits de Biskra est maintenant une réalité quotidienne. Déjà, en 2004, on a signalé l'apparition de cette espèce à 40km à l'est du barrage Foum El Ghourza. M.Dris, chef d'exploitation du barrage, affirme avoir vu à plusieurs reprises des cobras roder dans les parages. Le professeur B. Remini, qui suit régulièrement, depuis dix ans, l'état d'envasement du barrage Foum El Ghourza, a pu, pour la première fois en mai 2007, filmer un petit cobra d'environ 50cm. Dans les jours qui suivent, un cobra d'environ 150cm a été abattu par les ouvriers du barrage. Une mission de recherche sera menée conjointement, fin octobre 2007, par le Pr Boualem Remini et Louiza Remini, zootechnicienne à l'Institut national d'El Harrach (INA). A Biskra, le cobra algérien, loin de sa broussaille indienne, s'adapte bien au climat du désert.