Rester un fidèle inconditionnel de son équipe nationale ainsi est le sort du supporter algérien. Ainsi est la passion sportive. C'est toujours le même dévouement et la même patience que l'une et l'autre occupation convoquent. La première paraissant plus exigeante. Mais ce peut être la même noblesse dans les deux cas. Dans ses moments de force ou dans ses moments de faiblesse, la sélection algérienne ne laisse donc pas son public indifférent. On ne se débarrassera pas comme ça des bonnes habitudes, d'une passion. Même si l'on éprouve parfois le sentiment d'une tromperie, l'impression d'un divorce, le constat à chaque fois de nouveaux ravages à cause des retombées d'un petit football, des résultats loin d'être à la hauteur des aspirations. Certains n'avaient-ils pas contribué, l'on ne sait pas si par maladresse ou par malveillance, à l'installation de ce climat, laissant la place libre aux humeurs des uns et aux rumeurs des autres. Sans que la trajectoire déclinante de l'équipe paraisse soulever une réelle prise de conscience ni entraîner une mobilisation de tous les instants, la sélection algérienne des U-23 avançait insensiblement au-devant d'un échec que l'on croyait inimaginable. Après avoir pleinement vécu, joliment chanté, séduit et enflammé, elle pose un genou à terre, et il lui faudra beaucoup de ressources pour éviter de mettre le second et de s'incliner... Au fait, on n'entend presque jamais quelqu'un prédire et avertir de quelque chose. Quand elle a eu lieu, ça devient plus facile. Reconnaissons d'ailleurs que les prémices de cette dégénérescence s'étaient manifestées de manière assez nette depuis le début de la campagne africaine et que rien depuis n'a réussi à endiguer. La sélection algérienne avait justement commencé à pâlir et personne n'avait voulu en convenir par peur, par aveuglement. Autant que cette perte sèche, c'est l'enclenchement pernicieux d'un mécanisme incontrôlable qui nous semble le plus inopportun : les faiblesses conjoncturelles s'ajoutent aux insuffisances permanentes, les mauvais choix se multiplient, les options fantaisistes s'accumulent, les principes se diluent, la cohérence s'évanouit. La sélection algérienne ne semblait pas en finir avec autant de fragilité et autant d'incohérence. Nous déplorons qu'il n'y ait eu personne pour avertir et pour rappeler à l'ordre. La forteresse verte est beaucoup plus petite qu'aucun de ses joueurs, qu'aucun de ses responsables, qu'aucun de ces gens qui dessinent à leur manière un horizon étroit d'une formation censée être aussi prestigieuse... D'une manière ou d'une autre, elle ne pouvait se contenter d'être performante uniquement dans la résistance et la combativité. Savoir se battre, savoir soutenir un siège ne devraient nullement empêcher de développer un jeu offensif. Dans un domaine beaucoup plus créatif, on ne devrait pas non plus être avare de son effort. Aujourd'hui, il n'est plus possible de gagner si un secteur dans lequel on s'exprime ne fonctionne pas. Que ce soit le physique, la stratégie ou bien la technique et le mental. Pour réussir quelque chose d'important, il faut posséder autant de qualités. Ce qu'on a vu et ce qu'on a pu apprécier, il y a de cela des années, met l'accent sur la vocation que devrait désormais avoir l'équipe algérienne. Ce n'est pas l'idéal. Forcément. Mais nous avons l'impression que beaucoup de choses semblent changer, notamment au niveau du jeu : l'émergence de certains joueurs de qui on attend beaucoup et à travers lesquels on imagine la dimension que prendrait justement l'équipe. Une dimension qui aura également une plus grande signification lorsqu'elle saura en même temps protéger les valeurs anciennes, tout en préconisant le développement de valeurs nouvelles. Les uns se nourrissant des autres, et réciproquement, pour entretenir le groupe à un haut niveau. Cette exigence peut-elle être lourde à assumer ? A. L.