Dans ses moments de force comme de faiblesse, l'athlétisme en Algérie ne laisse donc pas ses amoureux indifférents. On ne se débarrasse pas comme ça de bonnes habitudes, d'une passion. Même si l'on éprouve parfois le sentiment d'une tromperie, l'impression d'un divorce, le constat amer des médiocres résultats qui marquent les joutes internationales reste un vide bien loin des aspirations. Certains n'ont-ils pas contribué, par maladresse ou malveillance, à l'installation de ce climat, laissant ainsi la place libre aux humeurs des uns et aux rumeurs des autres. Sans que la courbe déclinante de la discipline ne paraisse soulever une réelle prise de conscience, ni entraîner une mobilisation de tous les instants et ce en dépit des deux résultats très probants de Imad Touil et de Abderrahmane Anou aux Mondiaux de Pologne et du Canada, la discipline avançait insensiblement au-devant d'un échec que l'on croyait inimaginable. Après avoir pleinement vécu, joliment chanté, séduit et enflammé, elle pose un genou à terre et il lui faudra beaucoup de ressources pour éviter de mettre le second et de sombrer...Au fait on n'entend presque jamais quelqu'un prédire et avertir sur quelque chose. Quand elle a eu lieu, ça devient plus facile. Reconnaissons d'ailleurs que les prémices de cette dégénérescence s'étaient manifestées de manière assez nette depuis longtemps et que rien depuis n'a réussi à l'endiguer. La discipline avait justement commencé à pâlir et personne n'avait voulu en convenir par sentiment, par aveuglement. Autant que cette perte sèche, c'est l'enclenchement pernicieux d'un mécanisme incontrôlable qui nous semble le plus inopportun : les faiblesses conjoncturelles s'ajoutent aux insuffisances permanentes, les mauvais choix se multiplient, les erreurs s'accumulent, les principes se diluent, la cohérence s'évanouit. La discipline ne semblait pas en finir avec autant de fragilité et autant d'incohérence. Nous déplorons qu'il n'y ait eu personne pour avertir et pour rappeler à l'ordre. Cela n'a rien d'une surprise mais depuis la retraite de Nour Eddine Morceli, notre triple champion du monde et olympique du 1500 m, de Said Guerni Djabir au 800 m et de la reine des pistes Hassiba Boulmerka, l'Algérie n'est plus montée sur le podium des mondiaux d'athlétisme. Peut-on donc imaginer l'athlétisme mondial sans médailles ? Beaucoup ont encore du mal à l'accepter. L'émergence du pur-sang arabe du 1 500 m et du mile de la trempe de l'enfant de Ténès s'inscrivait dans la tradition de la course à pied algérienne, d'ailleurs sa référence suprême en la matière avait pour nom son frère Abderrahmane qui était à l'origine de son orientation vers le 1 500 m. L'Algérie n'avait jamais en effet connu, depuis le début des années 80, le problème de relève puisqu'au fil des années le renouvellement s'opérait d'une manière naturelle. Après les JO de Sydney et les mondiaux de Paris en 2001, force est de constater, mis à part les prestations de Abderrahmane Hamad à la hauteur ou Sid Ali Sieff au 5000 m et Nouria Benida Merrah au 1500m, l'absence de résultats probants de la part de nos athlètes lors des meetings et championnats internationaux. On aurait tort de croire que dans la discipline sportive la plus représentative en Algérie au niveau planétaire, qu'on qualifiait de fleuron du sport national, deux ou trois athlètes peuvent cacher les misères de la gestion technique et le manque de relève pour perpétuer une marche glorieuse entamée depuis plus de quatre décennies. Dans l'état actuel des choses, il n'est pas sûr d'assister à la naissance, l'éclosion et l'épanouissement de futures stars de la dimension de Nour Eddine Morceli et on peut même ajouter que les rares espoirs que nous comptons encore aujourd'hui pourraient s'évanouir dans la nature à la recherche d'autres cieux plus cléments pour les accueillir et leur offrir les conditions minimum pour la poursuite de leur carrière internationale. Les connaisseurs estiment que «l'Algérie, pour avoir un maximum de médailles, à besoin de cadres professionnels, de spécialistes de haut niveau, mais pour cela, il faut qu'on donne les chances aux spécialistes». En ces temps de mutations démocratiques et de mise à niveau, il serait judicieux de faire appel à des hommes de terrain et d'autres pour redresser la barre et redonner à l'athlétisme national ses lettres de noblesse. Avec leur nom, leur histoire et leur prestige, ils peuvent apporter un plus à ce sport. Y. B. Finale du 1 500 m : Boukensa termine à la 11e place L'Algérien Tarek Boukensa a terminé à la 11e place de la finale de l'épreuve du 1500 m des Mondiaux d'athlétisme à Daegu (Corée du Sud), disputée hier et remportée par le Kenyan Asbel Kiprop avec un chrono de 3 min 35 sec 69/100 contre 3:38.05 pour l'athlète algérien. La médaille d'argent a été attribuée à l'autre Kenyan, Silas Kiplagat, (3 min 35 sec 92/100), alors que le bronze est revenu à l'Américain Matthew Centrowitz (3:36.08). Tarek Boukensa, qui s'était qualifié jeudi pour la finale en terminant deuxième de sa série, a devancé au classement le Néo-Zélandais, Nicholas Willis, (3:38.69), qui avait pris les commandes lors des 800 m. L'entraîneur et manager, Ammar Brahmia, avait estimé jeudi que son athlète, âgé de 29 ans, était capable d'un «coup d'éclat», notamment après l'élimination du Bahreïni d'origine kényane, Yussuf Saad Kamel, tenant du titre. Mais ça n'a pas été le cas et Boukensa doit se contenter de cette 11e place en finale avec son score de 3:38.05, loin de sa meilleure performance établie à 3:30.92 et du chrono de 3:34.70 réalisé en cours d'année. De son côté, Kiprop, 22 ans, champion olympique en titre, a offert à son pays sa première médaille d'or sur la distance en 13 éditions des Championnats du monde. Kiplagat avait réalisé cette saison la meilleure performance mondiale (3:30.47).