C'est du moins sur cet axe que fonctionne le professionnalisme qui devrait également accompagner, tout le temps que cela l'exigera, lesdits athlètes durant leur parcours et leurs potentielles capacités à honorer les couleurs nationales. Une expérience du genre dans le domaine, l'Algérie en a fait l'expérience heureuse, lorsqu'à la fin des années soixante –dix, l'Etat prenait la mesure d'encadrer le sport d'élite en lui consacrant tous les moyens qu'exigeaient les résultats. Cela a fonctionné superbement jusqu'aux premiers soubresauts économiques de la moitié des années 80 ; le désordre politique intérieur qui s'ensuivra achèvera le miracle.A partir de l'an 2 000, le retour de la stabilité politique et une embellie économique redonnaient très rapidement des idées aux instances sportives nationales, d'autant plus que rarement le sport, avec les performances extraordinaires de Morceli, Boulmerka et la sélection nationale de hand, n'aura été meilleur ambassadeur à même de sensibiliser l'opinion internationale sur les capacités d'une nation à se transcender dans les moments les plus tragiques de son existence. Bien auparavant, l'Algérie en a fait l'expérience en 1979 avec une EN juniors quart de finaliste au mondial du Japon et des seniors en 1982 et 1986 qui bouleverseront un tant soit peu l'ordre établi. En décidant d'investir sur sa jeunesse, l'Etat, dans le domaine sportif, a vraisemblablement consenti durant la décennie passée tous les efforts possibles sans disposer toutefois des hommes à même d'assurer un retour d'ascenseur. En athlétisme, les échecs succèdent aux échecs, le hand-ball n'existe plus, l'athlétisme relève du passé et seul le football permet de temps à autre un espoir, même si cela n'est guère convaincant, compte tenu de la succession d'évènements dont la ponctualité autorise, même par jugement arbitraire, à considérer que la fin de l'improvisation et du travail routinier ne sont pas pour bientôt. L'euphorie de la veille passant régulièrement à la pilule du lendemain après un très relatif résultat de nature à entretenir l'espoir comme les qualifications à la coupe du monde 2010 ou encore le passage aux quarts de finale de la CAN en Angola.Il y a quelques jours, la sélection des U23 a raté une qualification aux prochains jeux olympiques. De la vingtaine de sélectionnés, quelques noms auraient été retenus par le coach national en prévision d'une incorporation au sein de l'équipe fanion. Ils peuvent avoir longue vie à partir du moment où cette étape atteinte leur permet de se retrouver obligatoirement sous les feux de la rampe avec donc la possibilité d'en tirer des dividendes auprès de clubs recruteurs nationaux et étrangers, compte tenu du très bon investissement fait pour des talents en devenir dont il est surtout possible d'obtenir une meilleure flexibilité en matière de discipline, de formation, encadrement et de rendement sur un terrain. Les responsables du football ne retiennent que les succès Vraisemblablement, pour avoir fait leurs preuves durant le tournoi décisif qui s'est déroulé au Maroc, les internationaux qui ont évolué ou ont fait partie du banc vont rester dans la mémoire des recruteurs même si diverse pourrait être leur fortune dans un pays qui n'a plus de repères dans la compétition nationale la plus populaire. Et elle le sera encore plus pour ceux qui évoluent dans ce même pays où les responsables du football ne retiennent que les succès visibles et ponctuels sans tenir compte de la valeur intrinsèque des footballeurs. La fédération algérienne de football a tellement pris l'habitude de jeter le bébé avec l'eau du bain !Une question cruciale se pose pour justifier ce qui peut forcément être interprété comme un mauvais procès. Que sont devenus les mondialistes de la sélection nationale des U17 ? Qu'on le veuille ou non et quels que soient les résultats enregistrés à Kaduna (Nigéria) en 2009, il s'agit bel et bien de très jeunes footballeurs qui ont participé à la plus importante des compétitions de la discipline. Rien que pour cela, ils ne peuvent qu'avoir droit aux égards attendus en pareille circonstance : il faudrait une carrière dans un métier qu'ils ont choisi dans un club et peu importe lequel, au minimum celui dont ils sont issus, avec un statut en rapport avec leur valeur. Or, de cette sélection des U17, il se trouve que seul Faouzi Ghoulam a effectivement été utilisé compte tenu de cette logique, et nous avons tenté après de minutieuses recherches de retrouver la trace de ses coéquipiers sur les tablettes des clubs évoluant en L1 et L2. En vain. Il est vrai, toutefois, que Ghoulam Faouzi est un produit de l'école stéphanoise dont il est, à l'heure actuelle, titulaire à part entière du club qui évolue dans le championnat de France. Il n'est pas exclu que les autres joueurs expatriés qui ont fait partie de la sélection des U17 fassent les beaux jours de formations hexagonales de moindre envergure mais qui ont l'avantage d'évoluer dans une vraie compétition et en tout état de cause moins pathétique, voire fantomatique que celle à laquelle chaque semaine ont «droit » les publics algériens à travers le territoire. Nul n'aura oublié qu'à la suite de l'élimination des U17 du mondial nigérian, certains présidents de club ont affiché leurs intentions, non pas de recruter un élément donné, mais plutôt ipso facto de «coter» financièrement ledit joueur de manière à placer la barre assez haut au motif de protéger et ses intérêts et ceux du club alors qu'en réalité il s'agissait plutôt d'en tirer les meilleurs dividendes. Des négriers n'auraient pas mieux fait.Mais si les responsables en poste dans les instances sportives nationales sont amnésiques au point de reprendre à chaque fois à partir de zéro toutes «leurs expériences», pourquoi les présidents de club n'en feraient-ils pas de même ? D'autant plus que le marché leur permet de monter une équipe, aussi hybride serait-elle, pour peu qu'ils mettent un peu d'argent pour en gagner encore plus.L'Algérie accueille la prochaine coupe d'Afrique des U20. Il est peu évident que la sélection aille bien loin même en évoluant chez elle, devant un public qui, à la limite du chauvinisme, lui est régulièrement acquis. Le plus inquiétant est que cette manifestation puisse permettre aux responsables évoqués précédemment de s'en gargariser, de perpétuer leur capacité à entretenir les illusions des plus crédules et ce faisant, de s'accorder un autre sursis qui ne pourra que faire durer la supercherie. Concluons enfin sur le fait que comme le ridicule ne tue pas, des entraîneurs se bousculent pour coacher la sélection des U20. Alors qu'Aït Djoudi annonce son refus d'encadrer ladite équipe. C'est dire le drame et la dimension tragicomique des propos tenus par un technicien qui a une grande part de responsabilité dans le sabordage de la sélection des U23. A. L.