Le procès du président égyptien déchu Hosni Moubarak a repris hier avant d'être ajourné au 2 janvier prochain. L'ancien président, a été transporté dans la salle du tribunal sur une civière, comme lors des précédentes audiences. Le président de la Cour, Ahmed Refaat, a entendu des déclarations des avocats de l'ancien président, qui plaide non coupable, et de ses adversaires, qui l'accusent pour les meurtres de manifestants lors de la révolte du début de l'année. L'audience, très largement formelle, a ensuite été ajournée à lundi prochain. Quelque 5 000 policiers ont été déployés autour du tribunal, installé dans une école de police de la périphérie du Caire, en coordination avec l'armée. Un groupe de manifestants, dont des membres des familles des victimes de la répression du début de l'année, est venu lancer des slogans contre l'ancien raïs et le pouvoir militaire qui lui a succédé. Des partisans de l'ex-homme fort de l'Egypte étaient aussi présents, avec des slogans comme : «insulter Moubarak c'est insulter les honnêtes gens». Le procès de l'ancien président, qui a démissionné le 11 février dernier sous la pression d'une révolte populaire, a débuté le 3 août dernier. Le Président déchu est jugé pour son implication présumée dans des ordres de tirer sur la foule durant les événements qui l'ont forcé à quitter le pouvoir, qui ont fait officiellement près de 850 morts. Premier dirigeant victime du «printemps arabe» à comparaître en personne devant les juges, il est passible de la peine de mort s'il est reconnu coupable. Les témoignages recueillis à la barre jusqu'à présent lui ont toutefois été globalement favorables, notamment celui du maréchal Tantaoui, qui fut pendant vingt ans son ministre de la Défense. L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, et six de ses conseillers sont également jugés en même temps que M. Moubarak pour les mêmes motifs. M. Moubarak est également inculpé de corruption, des accusations qui visent aussi ses fils, Alaa et Gamal, qui sont jugés en même temps que lui. Les dernières audiences de ce procès se sont tenues en septembre. La procédure a, ensuite, été suspendue en raison d'une demande de destitution du président de Cour, le juge Ahmed Refaat. Le magistrat, accusé, par les avocats des parties civiles, de partialité au détriment de l'accusation, a finalement été maintenu, permettant ainsi la reprise du procès. Après un début très médiatisé du procès, retransmis en direct à la télévision, la Cour a rapidement interdit les caméras dans la salle. Les auditions de témoins subalternes ont été publiques, mais celles de hautes personnalités civiles et militaires se sont faites à huis clos. La suspension des audiences, la tenue d'élections législatives et les violences meurtrières récentes en marge de manifestations ont contribué à reléguer au second plan le sort de l'ancien autocrate au cours des derniers mois. R. I.