Les débats enclenchés il y a quelques jours concernant les retombées de la crise financière semblent prendre des proportions inconnues. L'Algérien ne sait plus à quel saint se vouer. Heureusement que la culture économique reste pour nos concitoyens basée sur le réel ou plutôt le concret. Les responsables assurent et rassurent : «Nous sommes et nous seront épargnés». Le ministre de l'Energie a assuré samedi dernier que «même si les prix du pétrole demeurent bas d'ici fin 2008, cela ne va pas affecter nos revenus car, jusqu'ici, la moyenne du prix du baril est de 110 dollars». Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, quant à lui, estime, en se référant aux estimations de la Banque mondiale et du FMI, que notre pays serait «faiblement touché par la crise financière internationale actuelle». M. Djoudi ajoute que la baisse des cours du pétrole pourrait influer sur les revenus externes du pays mais sera partiellement compensée par l'appréciation du dollar et la tendance baissière des cours des produits de première nécessité. Certes, les déclarations des uns et des autres confortent le simple citoyen qui est loin de cette réalité macroéconomique, et parfois déconnecté -comme d'ailleurs notre économie- et loin de la comprendre. Or, la crise qui ébranle actuellement des pans entiers de l'économie mondiale reste préoccupante. Elle est préoccupante dans la mesure où ses répercussions même si elles sont faibles pourraient toucher gravement, après une durée donnée, voire des années, ces économies bâties sur l'exportation des matières première. Les experts qui ont tenté d'apporter des réponses sont du moins unanimes sur un point, à savoir la gravité de la crise. Certains sont même allés jusqu'à comparer la situation actuelle avec celle de 1986. Le point commun pour notre pays n'a pas changé. En 1986 ou en 2008, le pays dépend, dangereusement, des prix du pétrole. Aux yeux des experts, la crise de 1986 a été fatale pour le pays, puisque ses retombées néfastes ont commencé à apparaître en 1988. La suite est connue. Ça a duré plus de 10 ans. Il est donc temps de s'interroger réellement sur la situation actuelle. D'autant plus que, désarmé face à l'information économique, le citoyen s'est retrouvé face à un langage incompréhensible. Les pouvoirs publics devraient non seulement, estiment les observateurs, tenir un langage clair mais aussi tracer une feuille de route à moyen et long terme. L'Algérie s'est engagée dans un long chemin. Les différentes réalisations entamées nécessitent un entretien régulier à leur réception, le secteur de la production attend les incitations et les appuis. Les dépenses seront assurément faramineuses. En somme, au fur et à mesure que l'économie grandit, les risques l'accompagnent sur la même tendance. C'est dire enfin que la crise actuelle, au lieu de la considérer pour notre pays comme un examen, voyons là comme une leçon. Les constats sont connus, place aux mesures palpables… S. B.