Le sommet économique arabe s'est terminé en queue de poisson. Les dirigeants arabes se sont rencontrés durant deux jours à Kuweït City pour débattre des questions économiques qui concernent le monde arabe mais les choses se sont déroulées autrement. Même si le volet politique s'est taillé la part du lion, il n'en demeure pas moins que les travaux du sommet, dont la préparation a duré plus d'un an, devaient être économiques. Ces questions ont été mises en veilleuse pour ne pas dire ignorées. Au moment où le monde traverse une période des plus difficiles et les blocs régionaux se multiplient, le monde arabe semble hésiter à s'engager dans la voie du salut. Pis encore, les divergences sont devenues légion et à chaque rencontre importante elles s'affichent ostensiblement. Y a-t-il une volonté réelle pour construire un bloc économique arabe ? La réponse à cette question n'est pas évidente. Les pays arabes se tournent le dos et il semblerait que la complémentarité économique tant chantée est restée au stade des voeux. Preuve en est la déclaration finale laconique à la clôture des travaux auxquels même certains chefs d'Etat n'ont pas estimé nécessaire d'assister. L'action économique arabe n'est pas pour demain, estiment les observateurs. Que faire face à la hausse des taux de pauvreté, la faiblesse du niveau des échanges commerciaux interarabes et la fuite des capitaux et des cerveaux arabes à l'étranger ? Où se situent les blocages ? La machine économique arabe est-elle trop lourde ? Les mécanismes de cette action, tant souhaitée, semblent se perdre dans les généralités. Pourtant, la déclaration de Kuweït est claire. Elle n'a épargné aucune question. Citons la crise financière, les investissements, le financement des projets, les statistiques, le secteur privé, le développement humain, la santé, le chômage, la femme, les jeunes, l'immigration, le logement, la sécurité alimentaire, l'industrie, le commerce, les services, la propriété intellectuelle, le tourisme, l'énergie, le transport, l'environnement, la société civile, les relations interarabes. Cela étant, le sommet économique arabe a quitté sa trajectoire pour des raisons multiples telles que, d'une part, la question palestinienne et, d'autre part, l'absence d'une vision économique réelle. Nombre d'observateurs s'attendaient à assister à l'émergence d'une base de travail concrète qui pourrait être par la suite l'unique feuille de route à suivre pour bâtir cette forteresse économique rêvée. Mais, semble-t-il, la rencontre était sous le vent, et ce, malgré l'urgence de la situation caractérisée par des prix du pétrole qui ne cessent de dégringoler, des crises se succédant, et, selon les prévisions, une population arabe qui atteindra 600 millions d'âmes dans les trente prochaines années. Il faudrait créer pour cela plusieurs millions de postes d'emploi d'ici l'année 2025. Les pays arabes ont aussi perdu 2 500 milliards de dollars en raison de la crise financière. Les défis s'entassent en attendant des réponses Face à cette réalité amère, les investissements interarabes sont, également, aux abonnés absents seulement quelques millions de dollars pour remplir les listes des statistiques et des bilans. Les grosses cagnottes quittent les pays et elles sont investies ailleurs, affirment les chiffres. Donc, il s'agit, ici, de rappeler et de mettre en relief cette hibernation de l'économie interarabe en raison, justement, de l'hibernation des petites économies ajoutée aux intérêts étroits qui empêchent même l'émergence de relations bilatérales solides. Somme toute, le monde arabe veut mettre en place une économie intégrée et complémentaire alors que les ingrédients nécessaires ne se sont pas réunis encore. L'Union européenne a mis du temps pour aller vers une monnaie unique : une cinquantaine d'années. Mais les choses ne se présentent pas de la même manière. De l'autre côté de la Méditerranée, les pays arabes ont déjà leur langue unique, leur culture et même leur espace. Les ressources naturelles ou humaines ne manquent pas. Donc, la seule contrainte qui hante les esprits est cette volonté de partager les atouts économique et sociaux et de vivre en communauté. En attendant un langage économique clair, les pays arabes prévoient de lancer un programme d'action qui comprend un plan global visant la réalisation de la sécurité alimentaire, à travers l'encouragement de l'investissement dans les projets de production des produits alimentaires et le développement des politiques agricoles et alimentaires. Les dirigeants arabes ont adopté, également, plusieurs projets en matière d'infrastructures, de gestion des ressources ainsi que des propositions destinées à alléger les retombées de la crise financière internationale sur les économies arabes. Sur ce point, il s'agit de : soutenir les institutions financières, renforcer les organismes nationaux de contrôle et de supervision, exercer un rôle plus actif dans les relations économiques internationales et participer aux efforts internationaux visant à assurer la stabilité financière mondiale. Au sujet de l'Union douanière arabe, il sera question de mener à bien l'achèvement de toutes ses exigences d'ici sa mise en place en 2015, avant un marché commun arabe. Il y a lieu de dire que même si les actions décidées lors du somment revêt une importance particulière, dans la mesure où elles peuvent être un document de référence pour les prochains sommets et les rencontres ministérielles, la réalisation des projets en partenariat et de surcroît productifs reste le seul facteur qui pourrait propulser l'action économique dans le monde arabe. En Algérie, les investissements arabes demeurent timides même si les incitations et les facilitations ne manquent pas. Il est temps d'aller vers un langage plus clair et même d'ouvrir le débat à toutes les strates de l'activité économique car elles sont aussi concernées. S. B.