Le secrétaire général du mouvement Ennahda a répondu hier à Ouyahia, qui affirmait, la veille, que «les prochaines élections seront propres, honnêtes et crédibles», que «la loi actuelle sur les élections, votée récemment par le Parlement, ne permet pas de tenir un scrutin honnête, ni crédible». Lors d'une réunion de sa formation au profit des cadres du centre, Fateh Rebiai est convaincu que son parti aura les premiers rôles lors des prochaines législatives, à condition que «les exigences d'une concurrence équitable soient réunies, et que l'administration soit neutre et ne distribue pas des quotas». Le leader du mouvement Ennahda, qui s'est lancé dans une violente diatribe à l'encontre de l'administration, qu'il a accusée de tous les maux, a estimé que la solution à la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés passe par des élections «propres, honnêtes et crédibles». Pour autant, il a estimé impératif «le départ du gouvernement et son remplacement par des technocrates, le gel des lois votées par le Parlement dans le cadre des réformes politiques et la création d'une commission nationale indépendante pour superviser les élections». A défaut de ces mesures, il prédit la réédition de la fraude massive constatée lors des élections législatives de 2007, dont il s'est dit victime, comme en témoigne le rapport de la commission de surveillance des élections vers lequel il renvoie le SG du RND. Nonobstant cela, le leader du mouvement Ennahda réitéra qu'il entend également faire une série de propositions de mesures et d'alternatives juridiques à la situation actuelle, sous la forme d'un mémorandum qu'il adressera au président de la République, avant la prochaine échéance électorale. M. Rebiai a, cependant, souligné la nécessité de mettre en place «un groupe de pression», sous la forme d'alliance de partis «convaincus de la nécessité de lutter contre la fraude». En affirmant que son parti «ne demande pas la chute du régime mais des réformes», il a appelé, en outre, à la promotion de la réconciliation nationale en amnistie générale. «Si hier, nous avons demandé l'arrêt de l'effusion du sang des Algériens, ce qui nous valut bien des déboires, aujourd'hui nous militons pour que les Algériens se réapproprient leurs libertés, et que leur volonté soit respectée. Nous ne nous tairions pas si cette volonté venait à être confisquée», a indiqué M. Rebiai, sous les ovations de l'assistance, notamment des cadres de wilaya, auxquels il recommandera d'être «aux premières lignes de la lutte pour la défense des choix des Algériens contre l'intervention étrangère». L'orateur a enchaîné que «le mouvement à des problèmes avec des politiques, mais pas avec des personnes». En demandant aux responsables des structures de wilaya d'être «prêts à la prochaine bataille et aux prochaines échéances».Dans son préambule, le SG du mouvement Ennahda a estimé que le problème essentiel de l'Algérie réside dans le fossé existant entre le peuple et les gouvernants, dans le gouvernement et l'administration. Il avance trois raisons essentielles pour l'expliquer. La corruption qui gangrène les méandres de l'administration et les institutions de l'Etat, en citant des exemples de scandales financiers, l'autoroute Est-Ouest, le métro, le rail et des logements plusieurs fois inaugurés. Et ce, avant de s'interroger sur le sort du plan quinquennal annoncé avec 268 milliards. Autre raison évoquée est l'absence de l'Etat de droit, qui se manifeste, selon M. Rebiai, par la non-application des décisions de justice par l'administration, quand il s'agit de réintégration des travailleurs licenciés. Et la troisième cause de la crise entre gouvernés et gouvernants, le SG d'Ennahda l'attribuera à la marginalisation des compétences nationales, par une administration coupable, à ses yeux, de népotisme et de régionalisme. A. R.