On considérait jusqu'ici que tout sportif dopé comme coupable d'une tricherie, d'une infraction aux règles de la loyauté sportive. Aujourd'hui, l'accent est mis davantage sur le fait que le sportif dopé est aussi une victime et que sa santé peut être menacée. Le problème du dopage glisse ainsi du domaine de l'équité sportive au domaine sanitaire. Pour rappel, depuis l'affaire du sprinter canadien Ben Johnson en 1988, et plus encore l'affaire Festina, lors du Tour de France 98, avec la mise en cause de Richard Virenque, le dopage fait souvent la une des journaux et des télévisions. Puis les records passent, et l'on oublie le dopage, qui refait surface sporadiquement, aussi médiatique que le sport lui-même et ses précurseurs. Véritable événement mondial, le dopage dans le milieu sportif en Algérie est devenu une réalité, même son impact n'est pas vraiment le même que dans d'autres pays où la technologie propulse ce fléau à des proportions alarmantes, voire très dangereuses. Combien de sportifs soupçonnés de se donner à cette pratique du dopage, très surprenants lors de rencontres en affichant une forme éblouissante, dans le milieu du football en particulier, où des joueurs labourent les terrains en long et en large sans montrer le moindre signe de fatigue. Comment un joueur de club aux moyens très limités se prépare-t-il pour être aussi performant ? Notre pays, qui a été l'un des pionniers dans les opérations de contrôle anti-dopage, a eu deux cas de dopage que la presse a révélés au grand jour. Hichem Mezaïr, le gardien accusé de se shooter au haschich Il ne s'agit pas ici de juger le dopage ni les sportifs qui y recourent. L'histoire des 20 dernières années montre très clairement comment le dopage peut transformer du jour au lendemain un héros du sport en coupable (Sid Ali Sieff, et peut-être aussi en victime (Hichem Mezaïr). S'il y a tricherie, qui est le vrai coupable ? Est-ce le sportif lui-même, ses médecins, son entourage ? Qui sanctionne-t-on ? Qui doit sanctionner ? Mais n'est-ce pas le sport lui-même qui contraint aujourd'hui le sportif à se doper ? Poser la question, c'est s'orienter vers un nouvel objectif : la réduction des risques. Le dopage en Algérie existe avec de faibles proportions, puisque parfois, certains athlètes se dopent sans le savoir, en prenant par exemple un médicament qui contiendrait une substance dopante et qui figure ou pas sur la liste des produits interdits par les organismes spécialisés dans le contrôle antidopage, ou prennent du cannabis, ou tout simplement du haschich, qui est également une substance dopante. Toutefois, deux cas de dopage en Algérie sont très connus du public algérien : le premier est celui de l'ancien gardien international Hichem Mezaïr, alors que le second est l'athlète Saïdi Sief Ali. Pour ce qui est de Mezaïr, son dopage a été découvert par hasard lors d'un contrôle de routine effectué par le Dr Belhadj lors des entraînements de la sélection nationale. Mezaïr était contrôlé positif, et le faire jouer à la CAN 2004 aurait été une grossière erreur, puisque l'EN aurait pu être éliminée directement s'il avait été aligné lors d'un des matchs ; et c'est ainsi que le staff technique de l'époque conduit par Saâdane et Boualem Charef avait pris la sage décision de ne pas l'incorporer et de lui préférer le gardien de la JSK, Lounès Gaouaoui. Ce n''est que près de deux mois après la fin de la Coupe d'Afrique des nations que les langues commencèrent à se délier en ce qui concerne la non-participation du portier numéro un de l'EN, Hichem Mezaïr avec les Verts. Ecarté officiellement lors du premier match face au Cameroun en raison de, selon l'ex-coach national Rabah Saâdane, «crampes au ventre dues à un stress de la compétition», puis du reste du tournoi au profit de Lounès Gaouaoui, des sources sûres proches de la FAF ont parlé de raison plus grave qui mettrait en péril même sa carrière sportive. En effet, selon des sources proches de la FAF, l'ex-portier de l'USM Alger Mezaïr a été écarté de la sélection en raison de dopage. Ce n'est qu'une fois à Sousse (Tunis) que le staff technique de l'EN a pris connaissance des résultats des tests antidopage effectués à Alger sur le gardien numéro un de l'EN 2004. Ceux-ci s'avèrent positifs. Pis encore, le produit décelé dans les urines du portier algérien n'est pas un produit interdit pour les sportifs mais de tout autre nature. La FAF qui, à l'époque, s'est refusée à révéler la nature du produit qui est, du reste, facile à déduire (du haschich), a sanctionné l'auteur de ce grave fait. Il a été tout bonnement écarté définitivement des rangs de l'EN. Sa sanction a été étalée jusqu'à son club de l'époque l'USM Alger. La fédération voyait d'un mauvais œil que son club employeur continuait à faire jouer le joueur alors qu'elle a livré à l'USMA les vraies raisons de sa mise à l'écart de la sélection nationale. De son côté, le gardien Mezaïr, éclaboussé par cette affaire, réfutait catégoriquement les accusations dont il a fait l'objet et a préféré observer un silence tout a fait compréhensible.Saïdi Ali Sief : le héros de Sydney et d'Edmonton transformé en coupableLe cas du demi-fondiste algérien Saïdi Ali Sief, lui, était plus compliqué, puisque ce dernier fut contrôlé positif à la Nandrolone, après un test de dopage à l'issue de la finale des championnats du monde en 2001 à Edmonton. C'était un certain 10 août 2001. Un autre contrôle plus poussé révélera qu'il avait pris de la «Pyvacnine» qui lui a été prodiguée par un certain Dr Pavel, un ex de la RDA. Sief avait, dans un premier temps, nié les faits, affirmant que cela était un coup monté, avant de déclarer qu'il avait été dopé à son insu. Le contrôle positif de Saïdi Sief Ali, puis sa condamnation par la Fédération internationale d'athlétisme ont suscité beaucoup de réactions. Des réactions somme toute logiques et qui entrent dans le cadre d'un vaste élan de solidarité envers un athlète entré dans l'histoire du sport national depuis sa médaille d'argent aux derniers Jeux olympiques de Sydney. Un athlète encore jeune et en pleine ascension vers les plus hauts sommets mondiaux. Un compétiteur déjà redouté et craint, du 1500 au 5000 mètres, par les meilleurs de son époque et qui avaient pour noms : le Kenyan Noah Ngeny, l'Ethiopien Hailé Gebresselasié, ou le Marocain Hichem El-Guerrouj. Le coup est particulièrement rude pour lui. En larmes, il avait clamé haut et fort son innocence à qui voulait bien l'entendre. L'Etat alloue annuellement des centaines de millions aux athlètes algériens, toutefois bon nombre d'entre eux refusent de participer aux championnats et autres jeux et compétitions continentales même lorsque cela se déroule en Algérie. Pourquoi ces derniers refusent-ils d'être alignés dans ces compétitions ? Pourquoi ciblent-ils les courses ou les meetings ? Les événements sont, à chaque fois, subis, jamais précédés d'études sérieuses. Le docteur Pavel, un ex de la RDA qui l'avait pris en charge, est un personnage parfaitement connu de tous depuis longtemps. N'était-il pas, d'ailleurs, sous le coup d'une suspension et d'une interdiction d'exercer dans son propre pays ? Alors comment a-t-il été désigné pour prendre en charge une des valeurs sûres de notre athlétisme et lui prescrire des médicaments prohibés, la veille de la compétition ? Pour rappel, Saïdi-Sief a été suspendu de toute compétition à la suite d'un contrôle positif à la Nandrolone après les championnats du monde 2001 à Edmonton. Il avait terminé deuxième du 5 000 m derrière le Kenyan Richard Limo, mais sa médaille lui avait été retirée. Dans un premier temps, Saïdi-Sief avait introduit un recours auprès du conseil de la Fédération internationale d'athlétisme dans le but d'obtenir sa clémence en vertu d'une «règle exceptionnelle», mais lors de la réunion du 13 avril dernier, le conseil a rejeté cette quête sous prétexte qu'elle est appelée à être modifiée. La carrière de Sief venait d'en prendre un sérieux coup, puisque celui qui était entraîné par l'entraîneur français, Philippe Dupont, ne réussira pas à refaire surface après la fin de la suspension, et ne pourra pas réaliser les mêmes performances qu'à ses débuts. N. B.