Très prochainement la Fédération internationale d'athlétisme va étudier le cas de l'athlète Saïdi Sief Ali. Pour rappel, notre athlète a remporté la médaille d'argent aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 et aux Championnats du monde d'Edmonton une année plus tard. Seulement Saïdi Sief fut contrôlé positif à la nandrolone et donc déchu de sa deuxième place et de sa médaille acquises au Canada. L'annonce du dopage du jeune champion fit l'effet d'une bombe dans le milieu athlétique et sportif national et international tant sa notoriété est grande. Si grande que Saïdi Sief avait étonné tous les spécialistes en ne remportant pas la médaille d'or et notamment aux Mondiaux canadiens alors qu'il était le grandissime favori. Sa victoire était si certaine, chronométriquement parlant, et sa supériorité si évidente que de grands noms de la spécialité du 5000 mètres, dont l'éthiopien Hailé Gebresselassie, préférèrent tenter leur chance sur une autre distance. Saïdi Sief représentait alors (et représente toujours) le must de la spécialité. Le Marocain El-Guerrouj lui-même hésita entre le 1500 et le 5.000 mètres. Il se décida finalement pour le 1500 lorsqu'il apprit que Saïdi Sief s'alignerait sur le 5.000. Hichem El-Guerrouj décida également de reporter sa «montée» sur 5.000 m pour ne pas s'exposer à des déconvenues face au jeune Algérien considéré comme l'étoile montante du demi-fond mondial et le champion incontesté de ce début de 3e millénaire. El-Guerrouj voyait d'ailleurs d'un bon oeil la participation de Saïdi Sief sur 5000 mètres parce qu'il lui laissait la voie ouverte sur 1500 mètres. C'est dire la place prépondérante occupée par Saïdi Sief du 1500 au 5.000 mètres. C'est pourquoi son contrôle positif a ravi bon nombre de gens car la suspension attendue de la part de l'IAAF allait mettre Saïdi Sief hors circuit pour au moins les deux prochaines années. Son retour en prévision des Championnats du monde de 2003 et des Jeux olympiques de 2004, risque fort de ne pas se faire avec la même force et le même panache. L'éloignement du monde de la haute compétition pendant une si longue période laisse des séquelles physiques et psychologiques importantes. Les exemples de nombreux champions ainsi déchus sont d'ailleurs nombreux. Ceci dit, il faut se rappeler que Saïdi Sief avait clamé haut et fort son innocence. Sa candeur et ses pleurs avaient fait pencher l'opinion publique en sa faveur. Pour ne pas être en reste, les responsables de la fédération décidèrent, avec l'appui du Comité olympique et du ministère, de tout mettre en oeuvre pour faire reconnaître l'innocence de Saïdi Sief et laver son honneur et celui de toute une nouvelle génération d'athlètes particulièrement doués tels que Hammad, Saïd Guerni, Baya Rahouli... pour ne citer que ceux-là. Sollicité, le célèbre laboratoire d'expertise allemand de Cologne découvrit dans l'un des échantillons de médicaments et de compléments alimentaires remis par notre jeune champion des traces de nandrolone contenu dans un dérivé du glucose connu sous le nom de pyruvate sans que cela soit mentionné par le fabricant et notamment sur la notice qui accompagne tout produit pharmaceutique comme le stipule la réglementation. Saïdi Sief se retrouva alors conforté dans sa bonne foi. Il n'avait pas pris de nandrolone sciemment. D'ailleurs pourquoi l'aurait-il fait puisque ce dopant agit sur le long terme alors que Saïdi Sief avait subi un contrôle négatif quelques jours avant les Championnats du monde. De ce fait la prise volontaire de nandrolone ne pouvait être d'aucune efficacité pour la compétition dont Ali était l'incontestable numéro un mondial. La responsabilité directe de Saïdi Sief était complètement dégagée. Il ne pouvait être tenu pour responsable de ce qui lui arrivait. A la limite il pouvait lui être demandé, voire exigé, de prendre beaucoup plus de précautions face à la multitude de produits mis actuellement sur le marché et en direction notamment des sportifs tentés par les exploits que leur commandent sponsors et organisateurs de meetings. Mais quelle mouche a piqué l'instance dirigeante de l'athlétisme national pour décider juste après les résultats publiés par le laboratoire de Cologne de suspendre Saïdi Sief pour six mois. Passer outre l'avis hautement autorisé des spécialistes allemands et ne même pas reconnaître des circonstances atténuantes, n'est-ce pas reconnaître, quelque part, que le jeune champion est coupable? Le condamner c'est aller trop vite en besogne et c'est aussi donner quitus à l'IAAF pour sanctionner peut-être même plus fortement. Si Saïdi Sief est innocent pourquoi alors n'avoir pas continué à le défendre, à le protéger et à le rétablir dans ses droits? Pourquoi alors cette suspension? La FEDERATION NOUS CACHE-T-ELLE QUELQUE CHOSE? Saïdi Sief est-il la victime toute trouvée des luttes de clan impitoyables qui se livrent au sein de l'athlétisme national, cette discipline reine qui a donné tant de grands champions et tant de médailles et de records au niveau mondial. Une discipline qui, à l'instar du football, a besoin d'un véritable plan Orsec. Que va décider la Fédération internationale? Pour le cas où Saïdi Sief serait officiellement suspendu, l'opinion publique et le monde de l'athlétisme ne pourront que constater tout le mal que peuvent faire l'incompétence et la gestion des carrières personnelles au détriment de la prise en charge effective de la discipline.