Photo : S. Zoheïr Par Smaïl Boughazi Le complexe sidérurgique d'El Hadjar ne sera pas abandonné par l'Etat. C'est le Premier ministre et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, qui l'a affirmé, hier, au cours d'une conférence de presse à Alger. Confronté ces derniers temps à de multiples tracasseries financières, ce complexe, géré par l'Etat en partenariat avec ArcelorMittal, frôle le dépôt de bilan et la fermeture. Ouyahia, pour «répondre à l'inquiétude des syndicalistes», a tenu à clarifier la situation et rassurer les travailleurs. «Je peux dire, et je le dis avec force : l'Etat algérien n'assistera pas à la disparition d'El Hadjar», a-t-il déclaré, avant d'expliquer la situation dans laquelle baigne ce fleuron de l'industrie nationale : «Le partenaire de l'Etat, ArcelorMittal, n'a toujours pas payé sa quote-part du montant du plan d'investissement de 150 millions de dollars prévu pour cette année, alors que l'Etat, actionnaire à hauteur de 30%, a déjà versé sa part. Arcelor empruntait de l'argent chez Société Générale.» «Pour honorer ses engagements, il (ArcelorMittal) s'est orienté vers la BEA. Cette banque publique lui a accordé une partie du crédit demandé (13 milliards de dinars). Une part, 8 milliards, a été versée. Pour le reste, la BEA a demandé des garanties, puisqu'il s'agit d'un crédit relais (…). (Ce qui) a poussé Arcelor à brandir la menace de fermeture», a-t-il détaillé.«Si ça continue comme ça, je dépose mon bilan. Retiens-moi, sinon je tombe !», a ironisé M. Ouyahia à propos des menaces d'ArcelorMittal de fermer l'usine s'il ne décrochait pas ce prêt bancaire avec ses propres conditions. Ouyahia a indiqué, par la suite, «qu'une partie du prêt en question, soit 5 milliards de DA, représente un crédit nouveau d'exploitation qui a fait l'objet de la signature d'une convention, à la suite de laquelle une somme de 1,5 milliard de DA a été débloquée. Mais, pour les 9 milliards de DA, représentant le rachat de la dette du partenaire indien auprès de la Société Générale Algérie, la BEA a demandé des garanties qu'ArcelorMitttal a refusé de fournir». «Pourquoi on donne des garanties à Société Générale et non pas à la BEA ? Pourquoi je donnerai un crédit sans garantie à un étranger, pour la simple raison qu'il me menace avec les six mille travailleurs algériens», s'est-il interrogé. Plus encore, selon Ouyahia, ArcelorMittal n'a jamais été client de la BEA à laquelle il a préféré Société Générale, au temps de son aisance financière, pour contracter des crédits et transférer ses dividendes, signalant, néanmoins, qu'il «était libre» (ArcelorMittal) de choisir la banque avec laquelle il entend travailler. Ouyahia a invité les responsables du complexe à gérer la situation avec sérénité. «Qu'on cesse de faire du chantage avec 6 000 salariés. Je dis à ces derniers qu'il faut être vigilant. Qu'on ne vienne pas marchander avec leur pain», a-t-il dit à ce propos. De leur côté, les syndicalistes attendent toujours «du concret de la part du gouvernement». Selon Smaïl Kouadria, SG du syndicat de l'entreprise, contacté par nos soins, «les responsables ont multiplié les déclarations positives depuis mars 2011, mais on n'a rien vu pour le moment». Selon ses dires, «le ministre de l'Industrie a affirmé à la radio que la première tranche (1,5 milliard) des 5 milliards de DA destinés au fonctionnement du complexe ont été versés par la BEA». Or selon ses propos, «rien n'a été reçu par l'entreprise», ajoutant que «le plan de refinancement du complexe est évalué à 14 milliards». Le syndicaliste, qui espère un signal «concret» de la part des pouvoirs publics, affirme que le syndicat maintient toujours les actions de protestation programmées : «Nous allons organiser une journée de protestation le 19 du mois courant devant le siège de Sider à Chaïba, et nous avons prévu aussi un déplacement sur Alger pour les 24 et 25 janvier.» S. B.