Synthèse de Bahia Aliouche ArcelorMittal, filiale algérienne du géant mondial de l'acier, a déposé, hier, auprès du tribunal d'El Hadjar, une demande de cessation de paiement, a confirmé son directeur général, Vincent Le Goïc.A travers cette procédure, ArcelorMittal, selon une source proche du dossier, veut faire monter la pression sur le gouvernement algérien.Le dépôt de la déclaration de cessation de paiement auprès d'un tribunal est une «étape préliminaire» au dépôt de bilan, a précisé la même source à l'APS. Et de relever : «ArcelorMittal ne se trouve pas, du moins actuellement, en situation de cessation de paiement», car la banque Société générale, qui lui a accordé un crédit de 9 milliards de dinars, en contrepartie d'une garantie internationale de 120 millions de dollars, ne lui a pas encore réclamé le remboursement de sa dette. La filiale algérienne du groupe bancaire français continue, en effet, à percevoir le paiement des intérêts sur ce crédit d'une année, arrivé à échéance fin décembre 2011, a ajouté la même source. ArcelorMittal, faut-il le rappeler, connaît depuis le 3 janvier une crise de trésorerie, l'empêchant ainsi de poursuivre normalement son fonctionnement. La direction a négocié, sans succès, avec la Banque extérieure d'Algérie (BEA), un prêt de 200 millions de dollars pour entamer la rénovation des installations et rembourser un prêt de 120 millions de dollars. Mais la banque a exigé d'AreclorMittal d'hypothéquer un terrain de 830 hectares sur lequel est bâtie l'usine. Jugeant utile d'apporter certaines précisions pour permettre de situer la problématique de ce dossier dans son véritable contexte, le PDG de la BEA, Mohamed Loukal, a expliqué, dans un entretien accordé à l'APS, que la filiale du groupe indien «avait utilisé comme parade, durant tout le processus de négociations (avec la BEA pour l'octroi d'un crédit de 14 milliards de DA), des propositions de garanties de prêt qui n'ont pas de valeur». «Dans ce dossier, il y a lieu de ne pas se tromper de cible et de vouloir incriminer la BEA à tout prix», a ajouté M. Loukal, qui a tenu à souligner que sa banque «n'a pas pour habitude, sur le plan de l'éthique, de commenter ses relations avec sa clientèle, quels que soient les aléas qui pourraient les caractériser».Depuis la mise en œuvre du partenariat Ispat-Sider, devenu par la suite ArcelorMittal-Sider, il a été constaté, selon M. Loukal, «une réorientation de la relation bancaire au profit de banques privées, en dépit du fait que la BEA est la banque du complexe El Hadjar depuis sa création». La BEA s'est trouvée ainsi «confinée à assurer les remontées de trésoreries vers ces banques (privées) et la paie des travailleurs du complexe», ajoute-t-il. La banque algérienne est intervenue plusieurs fois auprès des responsables de l'entreprise pour les convaincre de normaliser cette relation bancaire. Mais, suite à la persistance de cette relation, elle avait même étudié un plan de délocalisation de son agence implantée au sein du site industriel, devenue vulnérable sur le plan de la rentabilité, précise encore M. Loukal. Mais ArcelorMittal avait repris langue avec la BEA, en septembre 2011, en vue de l'obtention d'un crédit d'exploitation classique, destiné au financement du cycle de production du complexe d'El Hadjar, d'un montant de 5 milliards de DA, et aussi pour le rachat d'une dette de 9 milliards de DA (environ 120 millions de dollars), contractée antérieurement auprès de Société Générale Algérie.La BEA a demandé des garanties pour les 9 milliards de DA, représentant le rachat d'une dette du partenaire indien auprès de la Société Générale Algérie, qu'ArcelorMittal a refusé de fournir, selon les précisions du Premier ministre. A ce titre, M. Loukal a estimé «anormal» qu'ArcelorMittal «se refuse de réserver à la BEA le même traitement que celui administré au confrère privé, en contrepartie de l'effort considérable en matière de financement que cette entreprise cherche à arracher». Il souligne aussi que sa banque qui «est un acteur possible dans le financement de l'exploitation du complexe, ne peut l'être dans le rachat d'une dette sans garantie». Il a également affirmé qu'ArcelorMittal, qui se retrouve dans une situation de défaut de remboursement de sa dette contractée auprès de Société Générale, cherche en vérité «à se délier de la garantie internationale adossée à ce crédit sous prétexte de crise internationale».