Dexia Asset Management estime que la Banque centrale européenne (BCE) sera en 2012, comme en 2011, l'institution clef de résolution de la crise de la dette souveraine de la zone euro, les Etats, ayant été, pour l'instant, incapables d'organiser de manière crédible la solidarité avec les pays en difficulté.Lors d'un point de presse, Nicolas Forest, responsable de la stratégie taux chez Dexia AM, a souligné que 2012 serait l'«année des choix» qui décideront de la sortie ou non de récession de la zone euro. Le scénario de Dexia AM retient une stagnation de la croissance en zone euro si la crédibilité de cette dernière est rétablie. Mais, en cas d'absence de solution à la crise de la dette, la société de gestion n'exclut pas une récession (-1,8%) en 2012. «Pour le marché obligataire comme pour le marché du crédit, tout dépendra de la solution à la crise de la zone euro», a dit Koen Van de Maele, responsable de la gestion obligataire. Pour Nicolas Forest, les légères baisses de taux des pays en difficulté de la zone euro (Portugal, Irlande, Italie, Espagne) observées en 2011 résultaient des achats par la BCE d'obligations de ces Etats et non des «quatre sommets européens de la dernière chance» (mars, juillet, octobre et décembre). Il note qu'au fil de l'année écoulée, les responsables européens ont abandonné par exemple l'idée d'une participation du secteur privé aux plans d'aide aux pays en difficulté comme celle de faire du futur Mécanisme européen de stabilité (MES) un créancier privilégié. Une telle «séniorité» impliquerait que la dette souveraine détenue par des investisseurs privés serait alors subordonnée, ce qui n'inciterait pas les banques à en acheter. «Le FESF n'a pas marché non plus. La BCE est la seule institution qui a fonctionné», a-t-il dit. «La BCE a fait exactement ce qu'elle ne disait pas et ses achats de plus de 200 milliards d'euros de dette souveraine ont évité la catastrophe», a-t-il ajouté. «La BCE a le ‘‘quantitative easing'' honteux», a-t-il dit, évoquant le «dogme», défendu notamment en Allemagne, interdisant ce type de mesures exceptionnelles dites d'assouplissement quantitatif. Outre les achats de dettes souveraines, ouvertement assumés par les banques centrales américaine et britannique, et avoués du bout des lèvres par la BCE, celle-ci a ouvert en grand le robinet à liquidités et les banques ont pu, par exemple, lui emprunter fin décembre tout l'argent qu'elles voulaient (plus de 489 milliards d'euros) pour une durée de trois ans et au taux plancher de 1% il y a deux semaines. Dans son bilan, qui a triplé en 2011, la BCE a pu inscrire 250 milliards d'euros d'obligations souveraine sans qu'il soit besoin de modifier les traités européens, a souligné le stratégiste en ajoutant qu'il ne serait pas «étonné» que ce montant d'achats soit porté à 500 milliards en 2012. «Une banque centrale acheteuse en dernier ressort combinée à davantage de solidarité européenne peuvent apaiser les spéculations», notamment contre les dettes espagnoles et italiennes, estime-t-il. Dans cette attente, Dexia AM privilégie la dette émergente, ensuite les Bunds allemands et les obligations d'entreprise et la dette senior des banques. Elle reste à l'écart des périphériques pour l'instant et allège ses positions sur la dette américaine et françaises, devenues relativement trop chères à ses yeux. Nicolas Forest estime que la perte par la France de son «triple A» est d'ores et déjà intégrée dans les cours de ses obligations. Il explique que si la dette du Royaume Uni, dont les finances publiques sont loin d'être en meilleur état que celles de la France, souffre moins que la dette française sur les marchés, cela est dû au fait que la Banque d'Angleterre achète la dette d'Etat, ce que ne fait pas la BCE pour celle de la France. La France, poursuit-il, est à la fois en trop bonne situation pour bénéficier des achats de la BCE et la plus vulnérable des six signatures AAA de la zone euro. Reuters