Salah Bouchekriou, l'entraîneur de l'équipe nationale de handball qui fait en ce moment une belle entrée en phase finale de la CAN au Maroc, serait partant juste après cette biennale de la petite balle africaine. Invoquant la fatigue et la saturation, le technicien s'est aussi plaint de ses conditions de travail et des pressions qu'on lui fait subir. «Ce n'est pas une question d'argent. Quand j'ai accepté d'entraîner cette équipe, j'ai tout laissé tomber alors que je travaillais dans les meilleures conditions au Bahreïn. Je voulais rentrer au pays, servir l'Algérie et être aux côtés de ma famille», a-t-il récemment déclaré au cours d'une conférence de presse. L'absence d'un centre de regroupement des équipes nationales, les interférences et critiques de personnes étrangères à la discipline ainsi que l'environnement délétère ont été à l'origine de cette décision «irrévocable». Après trois ans à la barre technique des Verts, Bouchekriou éprouve visiblement un vif besoin de changer d'air. Ce sentiment «d'étouffement» a été déjà vécu par des centaines, voire des milliers de professionnels algériens qui ont déjà quitté le pays pour faire le bonheur de plusieurs clubs et équipes étrangères où leur compétence est réellement valorisée. Faute de moyens et de considération, des techniciens formés à l'ISTS et d'anciens internationaux reconvertis dans le coaching ont décidé, par centaines, de s'expatrier dans les pays du Golfe, en Europe et en Amérique du Nord pour y exercer leurs talents. Au Moyen-Orient, le Qatar ne cesse de charmer les sportifs algériens. En effet, des centaines d'entraîneurs et de formateurs algériens œuvrent à donner à ce petit émirat les assises d'un réel mouvement sportif. Toutes les disciplines y sont représentées. Dans le volley-ball, on retrouve les Beldi, Leulmi, Kessiba, Benhamida, Yacef, Ghelaimi, Chebbahi et tant d'autres encore. Dans le foot, il y a Cerbah, Belmadi, Madjer, Boumaraf, Kenaoui, Iridir et une pléiade de joueurs talentueux évoluant dans la ligue professionnelle des stars du Qatar (QSL). Pour le handball, il y a Draouci, Herrouche, Kafi, Akkab et un nombre grandissant d'athlètes. L'athlétisme qatari bénéficie également de l'expertise des Abdenour, Si Mohamed, Bensaid, Righi et compagnie. Les Bouhedou, Mezkine, Chaâllal et consorts promeuvent les arts martiaux. Résultat : aux derniers jeux panarabes de Doha, le Qatar a surclassé l'Algérie en occupant le quatrième rang au classement général juste derrière l'Egypte, la Tunisie et le Maroc. Dans les divers comités d'organisation de cette édition, sans doute la mieux réussie dans l'histoire de la compétition, on retrouve aussi quelque 5.000 techniciens algériens. Le Qatar n'est pas le seul bénéficiaire de cet exode massif des compétences algériennes. Des pays comme le Liban, les Emirats- Arabes- Unis, Oman ou le Bahreïn en tirent également beaucoup de satisfactions. La marginalisation et le bricolage ont poussé d'autres techniciens à partir vers le nord. De nombreux éducateurs et formateurs sont aujourd'hui employés en France, au Canada et dans le voisinage maghrébin. Malgré leur succès et leur fortune dans ces pays d'accueil, ils sont nombreux à vouloir revenir au pays, pourvu que la situation s'améliore. En exprimant leur déception pour problèmes socioprofessionnels endurés, ils se disent dans l'attente de décisions politiques salutaires, en valorisant la compétence et en mettant en place les conditions adéquates de travail. Le recul des performances sportives algériennes sur tous les plans incite, en effet, à la réflexion et à la réforme du secteur. K. A.