Synthèse de Ghada Hamrouche Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé, hier, le président Bachar al-Assad à mettre fin au massacre de son peuple, le prévenant contre une fin semblable à celle des autres dictateurs qui ont férocement réprimé leurs peuples. «Aujourd'hui, je redis au président syrien : M. Assad, mettez fin à la violence, arrêtez de tuer vos concitoyens, la répression mène à l'impasse», a affirmé M. Ban, à Beyrouth, lors d'une conférence de l'ONU sur la transition démocratique dans le Monde arabe. Citant Ibn Khaldoun, il dira : «Celui qui exerce le pouvoir en usant de la force ou de la coercition court à sa perte. Un jour ou l'autre son peuple l'abandonnera». Le chef de l'ONU, en visite de trois jours au Liban, avait affirmé samedi que la crise prenait une «tournure dangereuse» en Syrie, où la répression a fait plus de 5 000 morts depuis le début de la révolte le 15 mars dernier, selon une estimation de l'ONU, début décembre.A Damas, M. Assad a promulgué une amnistie générale pour les personnes impliquées dans les «événements» depuis le 15 mars, comme il l'avait déjà fait le 31 mai et le 21 juin. Il a promulgué une «amnistie générale pour les crimes commis pendant les événements, entre le 15 mars 2011 et le 15 janvier 2012», a annoncé l'agence officielle syrienne Sana, sans plus de détails. Ces libérations constituent l'un des quatre points du plan de sortie de crise proposés par la Ligue arabe, et officiellement accepté par la Syrie, qui prévoit également l'arrêt des violences, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation de la presse et d'observateurs arabes.Samedi, l'émir du Qatar s'était dit favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de «mettre fin à la tuerie». C'est la première prise de position en ce sens d'un dirigeant arabe. Interrogé par la chaîne américaine CBS, Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, a évoqué l'envoi de troupes arabes en Syrie, déclarant : «Afin de mettre fin à la tuerie (...), un certain nombre de soldats devraient se rendre sur place». Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et candidat à la présidentielle égyptienne, a estimé, hier, que l'envoi de troupes en Syrie était une «proposition importante» que l'organisation panarabe devrait «étudier». «Le sang qui coule actuellement ne présage rien de bon», a-t-il souligné. Le ministre français des Affaires étrangères a dénoncé, quant à lui, le «silence» du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, estimant que la situation devenait «intolérable». «Le massacre continue, le silence du Conseil de sécurité aussi», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en Birmanie. «Cette situation devient intolérable.» Washington accuse, sans surprise, Téhéran de fournir des armes à Damas pour réprimer les protestataires. Au lendemain du premier anniversaire de la révolte tunisienne, le président tunisien Moncef Marzouki s'est déclaré totalement opposé à une intervention étrangère en Syrie, jugeant une telle entreprise «suicidaire» pouvant conduire à «l'explosion de tout le Moyen-Orient».