La Ligue arabe a joint hier sa voix à celle de l'ONU et a appelé les autorités syriennes à mettre «immédiatement» fin aux violences. Durant la même journée, l'armée syrienne a tué 52 civils. Alors que la Ligue des Etats arabes s'est enfin décidée à joindre sa voix à celle de la communauté internationale pour exhorter la Syrie à mettre fin immédiatement à la répression des manifestations anti-régime, les services syriens de sécurité ont poursuivi, hier, sans la moindre pitié, le massacre d'opposants. En tout, 52 civils ont été tués lors d'opérations militaires, dont 42 dans la ville de Deir Ezzor (est de la Syrie). Devant la violence de la répression, des milliers de personnes ont fui la ville pour se réfugier à Hassaké, une petite localité située plus au nord. A Deir Ezzor, les opérations militaires sont centrées dans le quartier Al Joura où les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la population sans discernement. L'armée a pénétré dans 9 quartiers de Deir Ezzor et de très fortes explosions ont été entendues, ont indiqué les comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestants anti-régime, et Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon la même source, quelque 250 chars et transports de troupes blindés ont participé à l'offensive. Par ailleurs, 25 chars et transports de troupes ont pénétré le matin à Houlé et procédé à des opérations militaires qui ont fait 7 morts. Cette ville, la troisième de Syrie, située à 160 km au nord de Damas, a été à la pointe de la révolte antigouvernementale depuis qu'elle a débuté, le 15 mars. L'armée y a été dépêchée, il y a deux mois, pour tenter de faire taire les manifestants. Visiblement décidé à aller jusqu'au bout de sa logique répressive, Bachar Al Assad a une nouvelle fois défendu, hier, l'action des forces de sécurité contre les manifestations anti-régime et a qualifié les opposants de «hors-la-loi» qu'il accuse de «terroriser la population». «Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'Etat, qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens», a dit M. Assad. Adepte de la politique de la carotte et du bâton, le chef de l'Etat syrien a d'autre part affirmé que la Syrie «avançait sur la voie des réformes d'un pas assuré», dans ses déclarations faites lors d'un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères, Adnane Mansour. Les propos de Bachar Al Assad surviennent alors que la pression internationale s'accroît sur son régime qui, aujourd'hui, est pratiquement isolé au plan international. Le pape Benoît XVI a lui aussi lancé hier «un appel pressant» pour «répondre de manière adéquate aux aspirations légitimes des citoyens» en Syrie et «rétablir au plus vite la coexistence pacifique». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté samedi, lors d'un entretien téléphonique, le président Assad à mettre fin à la campagne militaire contre les opposants. Washington, Paris et Berlin envisagent de nouvelles mesures contre Damas, tandis que le Conseil de coopération du Golfe a réclamé la fin de l'«effusion de sang». Le chef de la diplomatie turque doit transmettre demain «avec détermination» au régime de Damas les «messages» d'Ankara, «à bout de patience» face à la violence de la répression, a affirmé samedi le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Le régime arabo-baathiste de Damas est secoué depuis le 15 mars par un mouvement de contestation sans précédent réprimé dans le sang.