Photo : M. Boumati De notre correspondant à Tizi ouzou Malik Boumati
Au cinquième jour de la tempête de neige qui s'est abattue sur une trentaine de wilayas du pays, plusieurs dizaines de villages de la wilaya de Tizi Ouzou sont restés isolés, et ce, malgré l'intervention des engins de l'ANP depuis lundi dernier, en appui à ceux des APC et des entreprises qui n'arrivaient pas à venir à bout de l'immense quantité de neige tombée de façon ininterrompue durant quarante-huit heures. Ces villages des daïras de Aïn El Hammam, Bouzeguen, Ath Yanni, Larbaâ Nath Irathen, Ouacifs, Ouadhias et même Azazga étaient encore hier isolés de leurs chefs-lieux respectifs et autres centres urbains voisins, alors que la quasi-totalité des routes nationales ainsi que de nombreux chemins de wilaya ont été rouverts à la circulation. En effet, parmi les routes nationales, il ne reste que la RN30 B au niveau de Tala Guilef (Boghni) qui reste à rouvrir, au même titre que les trois cols séparant Tizi Ouzou des wilayas de Béjaïa et Bouira. Plusieurs chemins de wilaya restent cependant fermés à la circulation, à l'instar du chemin de wilaya N° 150 menant de Mekla vers Aïn El Hammam, le CW 10 de Souama à Ath Yahia, ainsi que de nombreux autres au niveau des localités difficiles d'accès comme Ouacifs, Makouda et Aghribs.Hier encore, la poudreuse continuait à tomber sur certaines localités de la wilaya, même si de façon discontinue, comme Larbaâ Nath Irathen, Ath Yanni, Iferhounen, Bouzeguen, Ouacifs et Aïn El Hammam. Et l'annonce d'une nouvelle vague de neige à partir d'aujourd'hui n'est pas faite pour arranger les choses, notamment au niveau des dizaines de villages encore isolés, surtout que la tension sur le gaz butane et l'alimentation en électricité est encore de vigueur, même si les centres de distribution de Naftal ont été approvisionnés. En effet, les trois centres de distribution de bonbonnes de gaz de Tigzirt, Aïn El Hammam et Ouadhias, qui ont été destinataires d'une nouvelle quantité de gaz butane, ont vite épuisé leurs stocks sans que toute la demande ne soit satisfaite, du fait que les villageois encore isolés n'ont pu faire le déplacement vers ces centres pour se réapprovisionner. C'est le cas notamment du centre de Aïn El Hammam qui a été pris d'assaut par les citoyens des villages limitrophes, alors que la demande au niveau des villages plus ou moins éloignés dudit centre attendent encore que les routes soient rouvertes pour pouvoir être approvisionnés en bonbonnes de gaz butane, mais aussi en produits alimentaires qui commencent à manquer dans de nombreux villages enclavés. «Dans l'épicerie du village, il ne reste que l'eau de javel sur les étagères», commente avec un brin d'humour noir, un citoyen de la région d'Iferhounen, contacté par téléphone, pour dire le désarroi de la population locale dans cette situation de tempête que les pouvoirs publics ne semblaient pas avoir pris au sérieux, notamment à l'annonce du BMS des services météorologiques. Décidément, les leçons de la tempête de l'hiver 2005 n'ont pas été tirées par les responsables de l'Etat, au moment où les élus locaux sont livrés à eux-mêmes, avec des moyens dérisoires. «Les responsables de notre commune passent leurs nuits au siège de l'APC et à bord des engins mobilisés pour les opérations de déneigement», martèle un citoyen de la commune d'Iboudraren où un seul village, Ath Allaoua, reste complètement isolé parce qu'inaccessible même aux engins de déneigement.En outre, cette situation difficile a été une aubaine pour certains intervenants dans l'activité commerciale pour étaler encore une fois au grand jour toute leur cupidité, en augmentant les prix des produits alimentaires, comme les légumes qui ont connu des hausses des prix de plus de 50%, à l'instar de la pomme de terre qui est passée de 50 à pas moins de 80 dinars le kilogramme, alors que la carotte est passée de 40 à 60 dinars. Cela en plus de la pénurie d'autres produits de première nécessité comme la semoule et autres légumes secs, pour lesquels la population soupçonne les maffieux d'organiser la pénurie pour augmenter leurs marges en créant la tension et en augmentant les prix. Et dans toute cette situation provoquée par l'avidité honteuse de ces charognards du commerce, ce sont toujours les simples citoyens qui trinquent.Du côté de la Société de distribution du Centre (Sonelgaz), on annonce la baisse du nombre de foyers encore sans électricité à 10 000, selon un point de situation établi hier vers 14 heures alors qu'il était de 13 000 foyers dans la matinée, vers 8 heures. Huit communes de la wilaya de Tizi Ouzou sont encore totalement coupées du réseau électrique de la wilaya, selon le chargé de communication de cette entreprise publique qui fait part aussi de coupures électriques enregistrées dans d'autres communes, où quelques grappes de maisons seulement sont touchées. Et dans cette situation, les communes se débrouillent comme elles peuvent pour parer au plus urgent, comme l'a fait l'APC de Souama qui a décidé d'alimenter en énergie électrique la boulangerie du chef-lieu pour garantir la disponibilité du pain aux citoyens de la commune.