Une information propre à provoquer le branle-bas à tous les niveaux de responsabilité en Algérie est passée presque inaperçue dans le tumulte de l'actualité nationale et internationale: 13 700 appels de détresse d'enfants violentés ont été enregistrés par les services d'écoute du numéro vert «3033» du réseau Nada, spécialisé dans la protection et la promotion des droits des enfants, en l'espace d'une année et demie.Déjà importante en soi, cette information ne peut cependant pas rendre compte de la gravité réelle de la situation des enfants maltraités puisqu'elle ne concerne que 15 wilayas sur les 48 que compte le territoire national et qu'elle ne prend en compte que les appels téléphoniques reçus par le réseau Nada.On n'ose imaginer la réalité du phénomène dans un pays où de nombreux parents n'hésitent pas à frapper, pour ne pas dire battre leurs enfants, où certains enseignants recourent aux châtiments corporels et où de nombreux enfants défavorisés, victimes de la déperdition scolaire et de l'indifférence familiale et sociétale, sont quasiment abandonnés à la rue. Nous avons eu, par le passé, d'autres données aussi alarmantes, qu'il est utile de rappeler ici pour éviter les amnésies : sur 10 000 enfants (chiffres partiels encore une fois) victimes de violences chaque année, selon la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM), 16 sont décédés des suites des maltraitances pour le seul premier trimestre 2010. Il y a entre 15 000 et 20 000 enfants de rue, proies faciles pour les prédateurs de tous bords et d'autres chiffres encore dont on ne fait état qu'à l'occasion des commémorations liées aux droits de l'enfant et qui traduisent toute la violence que les enfants peuvent subir au sein de notre société.Jusqu'ici, les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre ce phénomène sont souvent répressives et se résument à des poursuites judiciaires contre les auteurs des maltraitances contre les enfants. Et les efforts (faibles, en raison du manque de moyens) déployés par les associations civiles (réception des plaintes, prise en charge des victimes, sensibilisation de la société…) ne peuvent, à eux seuls, atténuer les souffrances humaines des victimes et de leur entourage immédiat. Quant à venir à bout de cette calamité, il faudrait d'abord que les instances officielles concernées par les droits des enfants comme le ministère de la Solidarité nationale ou celui de la Santé et de la Réforme hospitalière s'impliquent davantage (autrement qu'à travers des colloques) dans ce qui est en train de faire des ravages dans la société. S. O.A