L'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture a salué, par la voix de son représentant en Algérie, M. Guy De Lannoy, les efforts déployés par les autorités algériennes pour atténuer les effets de la flambée des prix des produits alimentaires sur le marché mondial. «Alors que la communauté internationale est contrainte de faire des choix politiques et économiques pour faire face à la flambée des prix des produits alimentaires, il me plaît de saluer ici les efforts remarquables déployés par le gouvernement algérien qui a pris rapidement les mesures qui s'imposaient pour en atténuer les effets négatifs, à travers une politique de soutien des prix», a assuré M. De Lannoy lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation. En langage de chiffres, le responsable onusien a estimé que sur les 370 milliards de dinars alloués par l'Algérie au secteur de l'agriculture, «plus de la moitié est actuellement consacrée à la protection du pouvoir d'achat du consommateur». Dans la foulée, il dira que l'Algérie, outre ces mesures destinées à protéger le pouvoir d'achat du citoyen, en a pris d'autres à moyen et long terme «afin de promouvoir une croissance durable de l'agriculture». Il citera, entre autres, le crédit sans intérêts «RFIG» (accompagnateur) ainsi que le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Ce qui témoigne, à ses yeux, de «l'importance toute particulière accordée à ce secteur par les plus hautes autorités du pays». Le ministre en charge de l'agriculture, M. Rachid Benaïssa, a aussi parlé des subventions des produits agricoles. Il a ainsi souligné que l'Etat a débloqué, ces deux dernières années, quelque 200 milliards de dinars pour soutenir le pouvoir d'achat de la population, ce qui a permis de neutraliser les effets dramatiques de la crise alimentaire. Un programme d'action a été établi et des mesures (crédits, assurances...) ont été prises «pour sécuriser les agriculteurs et leur donner confiance en eux-mêmes et en leurs capacités et les appeler à de meilleurs rendements». Le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), M. Alioui, qui s'exprimait jeudi dernier en marge d'une exposition, a dépeint un tableau de la situation alimentaire du pays. Il dira que notre pays «dispose d'une sécurité alimentaire» grâce au soutien accordé par l'Etat au secteur de l'agriculture. Plus précis, M. Alioui affirmera que les semences de céréales, dont celles des blés dur et tendre et de l'orge, sont disponibles au niveau des coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS) à travers le territoire national et «les agriculteurs peuvent s'approvisionner sur place». A propos du crédit «RFIG», le SG de l'UNPA a expliqué que ce dispositif «assure des garanties aux banques pour financer les activités des agriculteurs», ajoutant que des mesures d'allègement des procédures d'accès aux crédits pour l'approvisionnement en semences et en engrais seront prises incessamment au profit des agriculteurs, que l'Etat envisage de soutenir. La question de la sécurité alimentaire reste néanmoins une préoccupation majeure pour notre pays. En fait, en dépit des efforts remarquables déployés par les pouvoirs publics, il va sans dire que des pas restent à franchir, puisque notre pays importe annuellement près de 5 milliards de dollars de produits alimentaires. Réduire cette facture demeure un défi pour l'Algérie notamment dans le contexte actuel marqué particulièrement par une crise aiguë au niveau mondial, à laquelle s'ajoutent les changements climatiques qui aggravent de plus en plus la situation de l'agriculture. D'ailleurs, la FAO prévient que, dans les zones où l'agriculture est tributaire des précipitations, les rendements pourraient s'effondrer de 50% dans les années à venir, et entre 75 et 250 millions d'habitants d'Afrique subsaharienne auront moins d'eau d'ici à 2020. D'autres éléments ont contribué à l'aggravation de cette crise, selon l'organisation, notamment la réduction de l'aide publique au développement de ce secteur, le manque de ressources financières et la forte demande en produits agricoles destinés à la fabrication de biocarburants. Actuellement, selon cette organisation, plus de 920 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde. Elle préconise de «renverser rapidement cette tendance pour revenir au niveau initial». Il suffira, selon la FAO, de mobiliser les fonds nécessaires à un renouveau de l'agriculture, soit 30 milliards de dollars par an. S. B.