L'insécurité alimentaire mondiale s'est aggravée et continue de constituer une dangereuse menace pour l'humanité. Les prix des denrées alimentaires se maintiennent à des niveaux obstinément élevés dans les pays en développement, si bien que le nombre de personnes souffrant de la faim ne cesse d'augmenter depuis quelques années. La crise économique mondiale qui se répercute sur l'emploi et exacerbe la pauvreté ne fait qu'aggraver la situation. Selon les estimations de la FAO, le nombre de personnes victimes de la faim pourrait croître de 100 millions en 2009 et dépasser le seuil du milliard. C'est dans ce contexte que deux semaines avant la tenue à Rome du Sommet ( du 16 au 18 novembre 2009), consacré à la sécurité alimentaire, organisé sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), de nombreuses délégations ont identifié la nécessité d'investir davantage dans le développement agricole comme une des principales solutions à apporter à ce problème. Au cours d'un débat sur le thème "Développement agricole et sécurité alimentaire", ouvert avant-hier et qui s'est achevé hier soir, à la Deuxième Commission (économique et financière), les délégations des pays qui ont pris la parole ont unanimement regretté que plus d'un milliard de personnes à travers le monde souffrent toujours de la faim et de la malnutrition. À l'occasion de cette discussion, les délégations étaient saisies d'un rapport du Secrétaire général qui estime que "les changements climatiques, les besoins en énergie, la diminution des ressources naturelles, et des systèmes de marchés en déclin ou archaïques sont autant de facteurs qui entravent la capacité à relever de manière stratégique et systématique le défi de la sécurité alimentaire". Illustrant cette analyse, le représentant du Malawi, qui s'exprimait au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a relevé que les changements climatiques, qui se manifestent par des cycles de sècheresse extrême dans certaines régions et d'inondations dans d'autres, remettent en cause les efforts déployés par les pays en vue de combattre l'insécurité alimentaire. Pourtant, a-t-il ajouté, aucun autre secteur économique n'est plus important pour les Etats membres de la SADC comme celui de l'agriculture. Tout en partageant cette analyse des causes de l'insécurité alimentaire, certains délégués, parmi lesquels le représentant du Soudan, qui s'exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de même que celui de l'Algérie notamment, ont ajouté que la crise alimentaire actuelle était aussi le résultat d'une agriculture longtemps négligée et de la spéculation excessive sur les denrées alimentaires. Mme Baya Bensmail, qui présidait la délégation algérienne, a, en effet, estimé que la crise alimentaire actuelle était le résultat, entre autres, d'une agriculture négligée, de la spéculation excessive sur les denrées alimentaires et les produits de base, et des dégâts occasionnés par les changements climatiques. Elle a donc appelé de tous ses vœux à la mise en place d'une nouvelle gouvernance mondiale capable de garantir la sécurité alimentaire de tous. La mobilisation de la communauté internationale face aux situations de disette en Afrique a été toujours encourageante, s'est félicitée la représentante, qui a rappelé que des ressources importantes avaient été débloquées et que d'autres étaient annoncées. Ces ressources devraient être renforcées par des mesures visant à renforcer la productivité agricole, a-t-elle toutefois estimé. Mme Bensmail a indiqué que l'Algérie s'était dotée pour sa part d'un plan national de développement durable, qui constitue une réponse aux objectifs assignés au secteur agricole pour permettre une garantie de la sécurité alimentaire de la population algérienne. Le gouvernement algérien veille en outre à la mise en œuvre du programme de renouvellement rural qui vise en particulier à augmenter la production des produits de large consommation, a-t-elle conclu. L'insuffisance des investissements dans l'agriculture a encore été évoquée par la délégation de Cuba notamment, qui a, tout comme celle du Sénégal, reproché aux gouvernements des pays développés de continuer à subventionner leurs productions et leurs exportations agricoles, ce qui crée des distorsions sur les marchés agricoles mondiaux et la spéculation qui entraîne la hausse des prix. Ces subventions sont d'autre part, en grande partie, responsables de la dégradation du secteur agricole dans les pays en développement. Le représentant des Etats-Unis a, de son côté, souligné les engagements du Président Obama de parvenir à des améliorations majeures dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale et d'accorder 3,5 milliards de dollars à la promotion de l'agriculture dans les pays en développement. Son homologue du Japon a précisé qu'en Asie, son pays a consacré 2,1 milliards de dollars au titre de l'aide aux pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-est (ANASE) et à la Chine, alors qu'en Afrique, il a lancé une initiative "New Rice for Africa" destinée à améliorer la production de riz dans 12 pays. De manière plus notable cependant, rejoignant les conclusions du Secrétaire général, la quasi-totalité des délégations ont plaidé en faveur du renforcement de la productivité agricole par le biais notamment de l'investissement, mais aussi en faveur de la promotion de la coopération en matière de mobilisation de nouvelles ressources. Enfin, quelques délégations, à l'image de celle des Philippines, ont plaidé pour la mise en place d'une gouvernance agricole mondiale. A noter que la Deuxième Commission poursuivra demain ses travaux. Lotfi C.