Synthèse par Sihem Ammour A l'occasion de la commémoration du 23e anniversaire de la disparition du grand écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, la maison de la Culture de Tizi ouzou qui porte le nom de l'illustre intellectuel, a concocté une pléiade d'activités afin de rendre hommage à l'auteur du Sommeil du juste.Cette manifestation a débuté samedi passé, avec le lancement d'un concours de dictée en Tamazight inter établissements, organisé par l'association des enseignants de Tamazight auquel ont participé plus de 300 élèves du primaire et du moyen de la wilaya de Tizi Ouzou. Institué en 2007, ce concours vise à contribuer à la promotion, à travers l'émulation inter-établissements, de la transcription de la langue amazighe, pour la protéger des aléas de l'oralité, selon le vœu cher à feu Mammeri qui avait déclaré «celui qui aime Tamazight se doit d'en maîtriser l'écriture», rapporte l'APS. Pour la journée d'hier, le public a été convié à replonger au cœur de l'univers littéraire et de l'héritage intellectuel de «l'Amusnaw» (le sage) à travers des témoignages sur l'homme et son œuvre.A cette occasion, plusieurs conférences ont été animées notamment par un parent du défunt, Gana Mammeri, le Secrétaire général du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), Youcef Merrahi, et le sociologue et chercheur Rachid Bellil, du Centre national de recherches en anthropologie, préhistoire et histoire d'Alger (Cnrph). Les cinéphiles ont également eu droit à la projection du film la Colline oubliée, une œuvre adaptée du roman éponyme de Mammeri et portée à l'écran par le réalisateur Abderrahmane Bouguermouh, ainsi que d'un documentaire qui lui a été consacré par le cinéaste Ali Mouzaoui. La projection a été suivie d'un débat animé par Mme Boukhlou, enseignante au département de langue française à Tizi Ouzou, et qui a réalisé une thèse sur la «Définition de la figure de l'intellectuel dans l'œuvre romanesque de Mouloud Mammeri et apport des nouvelles dans l'évolution de cette figure, ou l'amusnaw, chantre de la culture berbère». Quand à Saïd Chemakh, enseignant au département de langue et culture amazigh à l'université de Tizi Ouzou, il donnera, aujourd'hui une communication sur «l'œuvre de Mammeri», tandis que Abdenour Abdeslam, auteur et militant de la cause berbère, interviendra pour parler du «parcours de l'homme de science et de l'homme engagé». Pour leur part, les étudiants du département de français de l'Université de Tizi Ouzou rendront hommage à l'icône de la littérature algérienne par la lecture de ses textes, alors que les étudiants de l'école régionale des Beaux- arts d'Azazga marqueront l'événement par la réalisation de portraits de l'écrivain. En plus de conférences, le programme prévoit au niveau du hall de la maison de la Culture, une exposition permanente de livres de Tamazight et de travaux de recherches réalisés par le Cnrph. Le tout sera ponctué, comme de tradition, par un recueillement, mardi, sur la tombe de l'illustre homme de lettres, en son village natal à Ath Yenni.Mouloud Mammeri, écrivain et chercheur émérite en sciences humaines, a marqué son existence d'un sceau indélébile de créateur et de penseur. Ses romans tels que la Colline oubliée, L'opium et le bâton, le Sommeil du juste et la Traversée du désert, ont été traduits dans plusieurs langues. C'est à cet éminent linguiste qu'on doit également les Isfra, recueil de poèmes épiques du troubadour Si Muh U M'hand ainsi que le recueil des contes anciens Machahou, tellamchaho. Mouloud Mammeri s'est distingué aussi par sa trilogie théâtrale formée des pièces du Foehn ou la preuve par neuf, le Banquet et la Mort des Aztèques.