Les besoins locaux en matière de carburants ont décuplé ces dernières années en Algérie. Le boum du marché automobile et le développement notable du tissu de PME ont sensiblement dopé la consommation des dérivés pétroliers (essence, gasoil, huiles et graisses industrielles). Les capacités de raffinage actuelles de la Sonatrach, évaluées à 26 millions de Tonnes équivalent pétrole (TEP) par an, sont insuffisantes pour couvrir la demande locale. Afin de compenser le différentiel, la firme pétrolière nationale aurait recouru conjoncturellement à l'importation de produits raffinés. Aujourd'hui, l'entreprise envisage sérieusement de développer ses activités à l'aval avec l'ambition de réaliser des plus values sur le marché local, d'abord, et à l'export ensuite. Cette stratégie s'impose d'elle-même d'autant plus que les réserves pétrolières nationales s'amenuisent faute de nouvelles découvertes conséquentes. Le PDG de Sonatrach a dévoilé, mardi dernier, un ambitieux projet dans ce sens avec l'objectif déclaré de porter la capacité annuelle de raffinage du groupe à 44 millions de TEP. Le programme, élaboré en collaboration avec le ministère de l'Energie et des Mines, prévoit la réalisation de trois à quatre nouvelles raffineries totalisant une capacité de production de 18 millions de TEP/an. Le dossier serait déjà soumis à l'approbation du gouvernement. En 2005 déjà, la Sonatrach avait lancé des études préliminaires pour l'implantation d'une grande raffinerie dans la région centre du pays (15 millions TEP/an). Quatre wilayas ont été présélectionnées pour accueillir ce projet d'envergure (Béjaïa, Bouira, Boumerdès ou Tiaret). L'entreprise avait alors émis une série de conditions objectives pour le choix définitif du site d'implantation dont la proximité d'un oléoduc d'approvisionnement en pétrole brut à hauteur de 45.000 tonnes/jour, des terrains viables, des commodités (électricité, eau, structures de base…) et la participation au développement régional. Les responsables locaux de la wilaya de Béjaïa avaient alors lancé une vaste campagne de lobbying pour exposer les potentialités économiques de la région et les garanties offertes au succès du projet. Un terrain de 300 hectares situé à El Kseur a été désigné pour recevoir cet important investissement qualifié de «capital» pour le développement de la région. «L'importance du terrain non-intégré dans les surfaces urbanisables ou d'urbanisation future et compris dans des terres à haute potentialité agricole, sa proximité du chemin de fer, de l'oléoduc Haoudh El Hamra- Béjaïa et des infrastructures portuaire et aéroportuaire assure au projet toutes les chances de réussite», soulignaient à l'époque les élus de la région dans une courrier adressé au ministre de l'Energie et des Mines en soulignant toute l'importance accordée par les institutions et les populations locales à ce projet. Le port pétrolier, les trois zones industrielles (Béjaïa, El Kseur et Akbou), la stabilité sismique, le rail, l'université figurent également parmi les arguments brandis pour convaincre la Sonatrach et le ministère de tutelle du bien fondé de ce choix. Aucune suite positive ne fut accordée à cette sollicitation qui reste, pourtant, toujours d'actualité.