L'Association Maghreb des films, basée à Paris, s'apprête à lancer sa quatrième édition du festival éponyme qui aura pour thème central la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, a-t-on appris hier de ses organisateurs. Ce festival se déroulera en «trois séquences», précisent les initiateurs de cette manifestation cinématographique dont l'objectif est de promouvoir le cinéma et la culture maghrébins en France et dans toute l'Europe. «A Paris, les deux premières séquences de l'édition 2012 vont «coller» aux deux grands événements de 1962, le cessez-le-feu le 19 mars, l'indépendance le 5 juillet. Elles porteront sur la guerre de libération et les premières années d'indépendance», a indiqué l'association. «En novembre, la troisième séquence sera sous la forme maintenant habituelle des éditions du Maghreb des films : inédits maghrébins, documentaires, films TV, Web, etc., avec une partie importante du programme portant sur les années d'indépendance de l'Algérie et un hommage à un grand cinéaste algérien», a précisé encore Maghreb des films qui rendra un hommage particulier au cinéaste anticolonialiste français René Vautier, aujourd'hui âgé de 84 ans. Les initiateurs du festival justifient leur choix par le fait que René Vautier demeure une des icônes de cette catégorie d'intellectuels français qui ont risqué leur vie pour dénoncer les affres du colonialisme, non seulement en Algérie mais partout en Afrique. «Concevoir une commémoration cinématographique du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie ne peut se comprendre et n'a de sens qu'en commençant par rendre hommage à René Vautier», lit-on sur le site du festival. «L'idée générale est de mettre René Vautier en situation d'invité et de puissance invitante, à la fois, afin de donner à cette semaine de rencontres et de débat, un caractère familier, en dépit du sérieux des sujets qui seront abordés avec les différents participants», expliquent encore les membres de l'association. Ces derniers sont venus à Alger, l'été dernier, pour prendre attache avec les responsables de la Culture en Algérie dans la perspective de faire profiter le public algérien des animations du festival. Les organisateurs du Maghreb des Films ont aussi envoyé fin 2011 une demande officielle au ministère de la Culture pour aider à l'organisation de la première édition de ce festival hors-France dans notre pays, surtout que l'édition 2012 coïncide avec la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Une liste non exhaustive d'une cinquantaine de films et de documentaires, dont certains sont sortis durant la colonisation, a été jointe à la correspondance envoyée aux autorités algériennes. L. M.
Biographie express de René Vautier Résistant à 15 ans, militant anticolonialiste à 22 (Afrique 50), René Vautier ne peut qu'épouser la cause et la lutte du peuple algérien. Ce qui l'amènera à rejoindre dès 1957 Tunis, siège du GPRA. A la demande de M'Hamed Yazid, ministre de l'Information, il y constitue alors le Service Cinéma, première étape dans l'organisation d'une cinématographie algérienne. C'est avec René Vautier que naît véritablement le cinéma algérien. L'action militante de René Vautier se prolonge, aux premiers jours de l'indépendance, par la création du CAV (Centre Audiovisuel précédant le Centre National du Cinéma, fondé, lui, en 1964) qui produira les premiers films de l'Algérie indépendante : «Un peuple en marche» et «Des mains comme des oiseaux». Ainsi, de 1957 à 1964, René Vautier a-t-il, consécutivement, conçu un cinéma national puis formé ceux qui lui ont donné ses premières lettres de noblesse et qui reconnaissent en lui le père fondateur du cinéma algérien. D'autres luttes, sur d'autres fronts, mobiliseront ensuite le talent de cinéaste de René Vautier (l'identité bretonne, la cause des femmes, la pollution, les luttes sociales, le racisme anti immigrés, etc.).