C'est demain que se clôture le “panorama du cinéma, Alger capitale de la culture arabe”, ouvert il y a une semaine à l'Office Riadh El Feth, dans le but de juger et de montrer les productions cinématographiques réalisées en 2007.Pour la circonstance, de nombreux professionnels étrangers se sont déplacés à Alger pour faire partie des trois jurys installés par le ministère de la Culture qui auront à mesurer la qualité des œuvres dans les trois catégories : documentaires, longs et courts métrages. Parmi les membres du jury, il y a Jérôme Laffont un français qui s'est illustré avec, “ Au cœur du chaud : des vestiges et des hommes”, un documentaire de 19'30'' réalisé suite à la décision du leader mondial de l'acier, Acrelor de fermer les sites de production à chaud de Cockerill. 2.700 travailleurs seront licenciés et, à terme, plus de 10.000 personnes perdront leur emploi. En 2004, Arcelor a fait 2,3 milliards d'euros de bénéfices. Témoignage ému d'un petit vieux ayant travaillé dans les hauts-fourneaux, “ Au Cœur du Chaud ” est une peinture du déclin du milieu ouvrier vu à travers les yeux d'un gentil pépé regrettant le bon vieux temps. Aux cotés des membres du jury, il y a également Réné Vautier, le militant qui continue à 80 ans de porter l'étendard de l'humanité. Une idée est née de cette rencontre à l'occasion du panorama du cinéma, Alger capitale de la culture arabe. Le jeune cinéaste Jérôme Laffont est à Alger pour deux raisons : découvrir à travers ce rendez-vous le cinéma algérien et projeter de faire un film sur le parcours du grand ami de l'Algérie, René Vautier.Pour Jérome “ il n'existe pas d'exemple et de modèle aussi convaincu de leur mission que celui de Vautier. Je suis fasciné par son engagement anticolonialiste et encore plus par son adhésion totale à la cause algérienne, dans les années de la guerre de l'indépendance, bravant tous les interdits. Au risque de sa vie et affrontant tous les dangers, il s'est rangé, avec cœur et sincérité aux côtés de l'ALN, dans les djebels, pour rapporter avec sa caméra les combats d'une cause juste. Ses images ont été des arguments de haute importance pour justifier sur le plan international, la lutte légitime du peuple algérien pour son indépendance. René Vautier ressemble dans cet esprit à mon père qui était un anticolonialiste aussi convaincu. Il devait aussi se rendre en Algérie au milieu des années cinquante pour le même combat. Il n'a pu réaliser ce vœu parce qu'il a été atteint d'une maladie incurable, la tuberculose” avoue ce cinéaste qui explique qu'en “ réalisant ce documentaire sur René Vautier, c'est la voie de mon père que je m'engage à suivre et ce sont ses idées à l'idéal humain élevé que je m'efforce de concrétiser. ” soutient-il. Né d'un père ouvrier d'usine et d'une mère institutrice, René Vautier mène sa première activité militante au sein de la Résistance en 1943, alors qu'il est âgé de 15 ans, ce qui lui vaut plusieurs décorations. Après des études secondaires, il est diplômé de l'IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) en 1948, section réalisation. En 1950, il réalise son premier film, Afrique 50, qui était une simple commande de la Ligue de l'enseignement destinée à mettre en valeur la mission éducative de la France dans ses colonies. Sur place, il décide de témoigner d'une réalité non commandée, le film sera interdit pendant plus de quarante ans. Ce sera le premier film anticolonialiste français, chef-d'œuvre du cinéma engagé, qui lui vaudra 13 inculpations et une condamnation de prison. Engagé en Afrique sur divers tournages, il rejoint le maquis algérien. Directeur du Centre Audiovisuel d'Alger (de 1961 à 1965), il y est aussi secrétaire général des Cinémas populaires.